Largement répandu depuis le début de la pandémie, le télétravail aurait des impacts négatifs sur la santé mentale de nombreux québécois. Quelques règles de base permettent cependant d’assurer une certaine sérénité aux employés qui œuvrent à domicile, en attendant la possibilité de retrouver leurs anciens bureaux et collègues !
«Lorsqu’il est choisi, le télétravail est un excellent moyen de diminuer le stress des employés. Il permet, par exemple, de faciliter la conciliation entre travail et famille et de limiter le temps passé dans les transports, dit le Dr Mario Messier, directeur scientifique du Groupe entreprises en santé. Mais depuis que cette situation leur est imposée, de nombreux travailleurs déplorent une augmentation de leur niveau de stress.»
Une étude réalisée en juin 2020 par Caroline Biron, professeure à la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval, révèle que près de 50% des travailleurs québécois présentent un niveau de détresse psychologique élevé.
«Un évènement aussi majeur que la pandémie actuelle cause forcément du stress. Notre mode de vie, nos finances, nos habitudes et notre vie sociale sont bouleversés. Le télétravail peut renforcer ce stress car de nombreux employés doivent œuvrer de chez eux, avec des enfants à gérer, dans des habitats parfois exigus», explique le Dr Mario Messier.
Il précise que les femmes, dont la responsabilité ménagère est souvent plus importante que celle des hommes, subiraient une détresse psychologique encore plus importante.
Des conditions essentielles au bien-être
Chaque entreprise peut cependant préserver la santé mentale de ses employés en s’assurant d’offrir à ses employés les conditions suivantes.
La reconnaissance. «C’est un facteur de protection, dit le Dr Messier. Si l’employé sent qu’il est à la hauteur, ça va automatiquement réduire son niveau d’anxiété. L’employeur doit donc s’assurer de lui montrer sa satisfaction.»
Un sentiment de sécurité. «Il est essentiel de créer un environnement où la communication est respectueuse, où chacun sent qu’il peut s’exprimer et où, évidemment, nul ne subit de pressions ou de harcèlement», poursuit l’expert.
Une charge de travail adaptée à la situation. «On parle ici de la quantité de travail, mais aussi de sa difficulté, précise le Dr Messier. S’il reçoit trop de directives, ça va augmenter son stress. S’il sent en revanche qu’il a de l’autonomie et qu’il peut gérer son temps, ça va l’aider, surtout s’il a des enfants à garder à la maison !»
Le respect de l’individualité. «L’employeur doit accepter que certains n’apprécient pas le télétravail et ne s’y adaptent pas aussi bien que d’autres. En se montrant bienveillant, compréhensif et en lui fournissant des équipements adaptés pour optimiser ses conditions de travail, il favorise toutefois la santé de ses travailleurs», termine-t-il.
Et les gestionnaires ?
Pour les patrons aussi, le télétravail peut s’avérer épuisant. Le Dr Messier rappelle que la santé d’une entreprise ne peut se faire sans l’engagement de sa direction.
«Les gestionnaires doivent montrer l’exemple en appliquant ces recommandations, en prenant des pauses, en s’assurant de conserver de saines habitudes de vie, en étant bienveillants avec leurs équipes mais aussi avec eux-même», dit le Dr Messier.
Il conclue en mentionnant que la pandémie nous aura, au moins, fait réaliser toute l’importance de la santé physique, mais aussi psychologique et sociale. «On apprend à en prendre soin et je pense que c’est des habitudes qui vont rester», dit-il.