Le nouveau variant Delta soulève de nombreuses questions sur la relance touristique de la métropole. Que faire pour l’industrie si les nouveaux variants se succèdent encore longtemps? Candidats et acteurs de l’industrie se prononcent.
Les touristes en provenance des États-Unis et de l’Europe rapportent des revenus de près de 2,5 M$ à l’économie montréalaise. Or, ils ne sont pas près de revenir à Montréal en raison de la menace que représentent les nouveaux variants de la COVID-19.
Si la Ville dépend énormément des enveloppes provenant des paliers provinciaux et fédéraux, Denis Coderre a fait valoir l’importance d’investir dans le tourisme international.
Valérie Plante, elle, a annoncé une injection de 1 M$ pour la création d’un Office montréalais de la gastronomie. Ce projet s’inscrit dans le plan de relance économique de 25 M$, dont le quart est consacré au secteur de la restauration. Cet office visera entre autres à soutenir la grande densité de restaurants qui font la renommée internationale de Montréal.
«La municipalité aurait pu jouer un rôle beaucoup plus crucial avec les loyers et les salaires quand les entreprises ont commencé à ouvrir», déplore toutefois Balarama Holness, fondateur du parti Mouvement Montréal et candidat à la mairie. Ce dernier considère que la Ville doit appuyer davantage les entreprises qui sont tombées «dans les failles» de la bureaucratie fédérale et qui n’ont pas reçu d’aide financière suffisante.
Pour se préparer à d’éventuelles énièmes vagues, Balarama Holness croit qu’il faut élargir l’appui aux organisations connexes, mais essentielles au tourisme, comme les petits organismes culturels. «Beaucoup n’ont pas survécu à la pandémie parce qu’ils n’étaient pas considérés comme faisant partie du réseau touristique, alors qu’ils motivent beaucoup de touristes à venir visiter la ville.»
Une plus grande cohésion avec les passeports vaccinaux étrangers est également à prévoir sur la liste du prochain maire de Montréal, afin de faciliter la tâche aux employés de la restauration et de l’hôtellerie.
En prévision de l’arrivée de l’hiver, Montréal gagnerait aussi à soutenir d’autres municipalités touristiques comme Mont-Tremblant et Saint-Sauveur, puisque nombre de leurs visiteurs transitent forcément par la métropole, croit M. Holness. «La saison froide annonce que le tourisme urbain va diminuer, mais les gens vont quand même venir à notre aéroport. Il faut s’assurer que les communautés situées en périphérie de Montréal et qui peuvent lui profiter aient aussi suffisamment de ressources et de personnel », propose-t-il.
L’ancien joueur de football professionnel des Alouettes de Montréal pense enfin qu’il faudrait aussi déjà préparer la population à l’éventualité d’une 3e dose de vaccin. «On ne peut pas accueillir plus de touristes si on continue à être assaillis par des éclosions. Il faut encourager la population à se faire vacciner pour que les voyages se fassent plus facilement, plus rapidement», estime-t-il.
Beaucoup n’ont pas survécu à la pandémie parce qu’ils n’étaient pas considérés comme faisant partie du réseau touristique, alors qu’ils motivent beaucoup de touristes à venir visiter la ville.
Balarama Holness, Fondateur du parti Mouvement Montréal et candidat à la mairie
Des métiers touristiques à valoriser
Cela dit, même si la métropole pouvait reprendre le cours normal de ses activités, elle se heurterait à un manque de main-d’œuvre criant dans le secteur du tourisme. Sans compter que le taux d’inscription aux formations en tourisme est en chute libre. Cette année, les techniques en tourisme ont accueilli 40% moins d’élèves, tandis que les programmes de gestion en hôtellerie ont vu fondre leurs cohortes de 26%.
«Ce sont des statistiques inquiétantes, parce qu’il faut retenir et perfectionner notre main-d’œuvre pendant qu’elle n’est pas au travail. Si la tendance se maintient, quand la pandémie va s’essouffler, la reprise sera très forte, mais nous n’aurons pas les effectifs nécessaires», alerte Xavier Gret, président de l’Association Hôtellerie Québec.
L’attraction et la rétention d’effectifs devront passer par une importante campagne de valorisation des métiers du tourisme menée par les gouvernements. «Quand les préposés aux bénéficiaires se voient offrir des emplois à 25 $ l’heure, comment fait-on pour compétitionner?», demande François Meunier, président de l’Association Restauration Québec.
Xavier Gret espère que l’avenir de l’industrie sera moins sombre qu’on le croit: «La crise sanitaire a conscientisé les élus au fait que l’écosystème touristique repose sur un équilibre fragile, et c’est peut-être cette nouvelle sensibilité qui va nous aider à nous remettre sur pied…»