Ils sont partout dans nos suggestions YouTube ou Spotify, vos collègues en parlent autour de la machine à café… Depuis quelques années, la popularité des podcasts explose. Humoristes, influenceurs, entreprises, organismes et même parfaits inconnus lancent le leur. Pourquoi l’buzz persiste-t-il?
À l’occasion de la Journée internationale du balado, ce 30 septembre, Métro a branché ses écouteurs sur les experts de ce média.
PH Cantin est à la barre de l’un des plus populaires podcasts au Québec, le Sans Filtre Podcast. Il gère également son propre studio, où les personnalités peuvent enregistrer leur balado.
Depuis qu’il a diffusé ses premières longues entrevues en ligne en 2018, les podcasts se sont multipliés. Et la pandémie n’a fait qu’accélérer le mouvement. Les gens avaient besoin de continuer de discuter, même quand on ne pouvait plus se voir. S’il n’y avait qu’une centaine de podcasts québécois il y a à peine trois ans, on en dénombre maintenant 2165 (majoritairement francophones) sur le site de baladoquebec.ca (soit trois de plus que la veille, selon nos observations – autre signe de la progression rapide).
Giscard Tremblay et Pierre-Jean Champoux, respectivement directeur général et réalisateur pour l’agence de création de contenu Contenumultimedia.com, expliquent cette montée en popularité par la facilité accrue associée à la création et la consommation de ce média.
«L’équipement audio, les logiciels de montage, les plateformes d’enregistrement sont tous rendus faciles d’accès. On peut se faire un bon studio maison pour moins de 1000$. Et pour le consommateur, les podcasts sont rendus partout, sur toutes les plateformes; elles aussi sont faciles à utiliser», indique Pierre-Jean Champoux.
Comment se distinguer?
PH Cantin croit qu’aujourd’hui il est difficile pour un créateur de podcasts de se distinguer et de rejoindre les masses.
Les longs échanges en duo ou en trio n’ont plus autant la cote qu’auparavant. Il faut innover, y aller d’effets sonores et d’invités surprenants ou célèbres, dans des thématiques souvent insolites.
«Quand on a commencé, comme il n’y avait pas trop de compétition, on pouvait être assez général dans nos discussions et choix d’invités. Étant donné qu’on s’est fait une bonne base d’auditeurs, on peut se permettre de poursuivre avec la même formule de sujets généraux. Par contre, pour les nouveaux, il faut maintenant un élément différenciateur qui ne va pas nécessairement parler à tout le monde, mais qui va interpeller certaines personnes de manière plus précise.»
Podcast versus radio
Les podcasts pourront-ils remplacer la radio? Giscard Tremblay et Pierre-Jean Champoux pensent que non. Selon eux, les deux médias vont continuer d’exister en parallèle.
«On écoute la radio pour que ce soit actuel. On l’écoute sans savoir précisément ce qui va se dire. Un balado, on l’écoute en choisissant ce que l’on veut de manière précise», indique Giscard Tremblay.
Une mouvance à venir
Malgré cette observation, PH Cantin ne croit pas que le marché soit saturé. Il y a encore énormément de place à prendre, mais il estime qu’une mouvance devra s’opérer.
«On est en train de travailler sur des podcasts plus narratifs, plus produits, avec du storytelling, qui s’écoutent comme une série télé avec un nombre d’épisodes déterminé, un peu comme Radio-Canada fait avec sa plateforme OHdio», annonce-t-il.
Cette formule, dans laquelle on présente une série écrite, scénarisée, mixée avec une trame sonore originale, coûte beaucoup plus cher à produire qu’une simple conversation de deux heures sans montage. Il faudra donc que les sous suivent.
Et pour cause, les annonceurs ont déjà investi le milieu du podcast et plusieurs d’entre eux vont continuer à le faire davantage, présume PH Cantin.
Des vues commerciales
Et quand il y a de l’argent à faire, les entreprises embarquent aussi.
Contenumultimedia.com crée des podcasts pour toutes sortes d’organismes et confirme qu’il y a une forte tendance chez les agences publicitaires à recommander le balado à leur client.
«On reçoit des appels d’offres d’institutions importantes comme des musées, des villes, de très gros organismes», indique M. Tremblay.
PH Cantin estime que ce format permet aux compagnies de montrer leur côté humain, par exemple lorsque le président d’une compagnie raconte son parcours le temps d’un balado.
Martina Djogo, directrice de contenu à l’agence créative lg2, voit aussi l’intérêt du podcast pour une entreprise. Cependant, l’idée doit être bonne.
«Tinder en avait lancé un excellent qui s’appelait DTR. C’était une bonne idée de parler du dating à l’ère des applications de rencontre, et ils étaient extrêmement bien placés pour le faire. Qui de plus crédible que Tinder pour t’aider à naviguer à travers l’ère Tinder? C’était la rencontre parfaite entre les objectifs de la marque, la forme et le fond.»
«Je pense que tout le monde rêve de lancer un podcast parce qu’on en écoute beaucoup nous-mêmes, poursuit Martina Djogo. C’est un format riche et long, où pour une fois on n’aurait pas à compter nos mots! Une pub télé c’est 30 secondes, une pub YouTube 6 ou 15 secondes, une affiche c’est quelques mots, une publication sociale c’est une ligne… Imagine si on n’avait pas ces contraintes de longueur!»
3 balados québécois populaires sur Audible
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Guide pratique des saveurs canadiennes
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Ce balado de dix épisodes, élaboré par la célèbre autrice Meredith Erickson et narré en français par l’animatrice Valérie Roberts, transporte les auditeurs dans une aventure culinaire traversant notre pays d’un océan à l’autre, explorant des destinations lointaines pour découvrir de la bonne nourriture et les gens qui la cuisinent. D’ailleurs, des établissements réputés de Montréal, de Gatineau et de Gaspé participent à l’aventure.
Paysage sonore de la nature canadienne
Avec: Laurence Lafond-Beaulne
Nous savons tous à quel point la nature nous fait sentir bien. Les inquiétudes du quotidien se dissipent avec une simple marche dans la nature, où nous entendons le chant d’un oiseau, sentons l’odeur des arbres et voyons les rayons du soleil. Mais il y a tellement plus que ce qui se déroule sous nos yeux! Ce balado vous fait découvrir les forêts, les montagnes, les mers et les espèces du Canada sous un nouvel angle.
La série «C’est quoi l’buzz» décortique les plus récentes tendances de manière décomplexée. Faites vos «frais» lors de vos prochains soupers en la (re)lisant dans la section Inspiration du Journal Métro.