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Vélo: Montréal sur les traces d’Amsterdam? 

Vélo à Montréal

Montréal vient d’être nommée première grande ville cyclable en Amérique du Nord dans le classement annuel de PeopleForBikes.org. Mais peut-on la comparer à Amsterdam, ville cycliste par excellence? Il reste encore du chemin à faire. 

Parmi les pas de géants franchis par la métropole, on ne peut passer sous silence le déploiement des premiers axes du Réseau express vélo (REV), dont celui sur Saint-Denis, qui ont permis aux cyclistes d’y circuler à distance des automobilistes. 

Dès que la situation le permet, la Ville en profite aussi pour aménager des pistes cyclables à mi-niveau entre la chaussée et le trottoir qui permettent aux cyclistes de circuler en site propre. De plus, quand Montréal entreprend le réaménagement d’une rue, elle le fait désormais en ayant comme objectif que l’ensemble des usager.ères puisse se partager l’espace en toute sécurité. 

Avec ces aménagements – et encore plus pendant la pandémie –, la culture du vélo a pris son essor. De plus en plus de Montréalais.aises se déplacent même à vélo en ville l’hiver, selon les observations de Vélo Québec, 80% des pistes cyclables étant désormais déneigées. 

Pour autant, la métropole peut-elle espérer se comparer un jour à la capitale des Pays-Bas, connue pour compter plus de vélos que d’habitants (880 000 vélos pour les 821 752 habitants selon les statistiques de l’OBNL spécialisé en tourisme iAmsterdam.com)?  

Une question de culture 

S’il se réjouit de l’augmentation du nombre d’infrastructures et de l’évolution des mentalités quant à l’utilisation du vélo en ville, Jean-François Rheault, président-directeur général de Vélo Québec, continue de croire que le vélo est un sujet qui divise à Montréal. Et c’est là, selon lui, la principale différence par rapport à Amsterdam.  

«À Amsterdam, personne ne se définit comme un cycliste. Ce sont juste des citoyens qui décident de se déplacer en vélo et ils le font juste parce que c’est plus simple. C’est là où on a du progrès à faire, dans le fait de rendre totalement acceptable et accepté de rouler à vélo», explique celui qui a visité plusieurs fois Amsterdam.  

Il faut dire que la ville dispose de nombreuses infrastructures et d’aménagements conçus spécialement pour les cyclistes.   

«Si on était à Amsterdam, un REV comme celui de la rue Saint-Denis, il y en aurait sur presque toutes les rues», compare M. Rheault. 

Le vélo fait ainsi partie de l’ADN des Amstellodamois.es. La majorité d’entre eux et elles enfourchent leur vélo tous les jours et ce mode de transport est même intégré à leur cursus scolaire puisqu’aux Pays-Bas, avant d’entrer au secondaire, les enfants apprennent à se déplacer à vélo en toute sécurité (examen officiel inclus).  

D’après le PDG de Vélo Québec, si la bicyclette divise encore, c’est aussi et avant tout une question de culture, d’éducation et d’habitude. «Le REV sur Saint-Denis avait créé un débat car c’était nouveau, mais je ne suis pas certain que je trouverais aujourd’hui des gens qui veulent retourner en arrière.» 

Des cyclistes empruntent la piste cyclable de la rue Laurier.

Étendre le réseau 

S’il est maintenant plus facile de se déplacer dans les quartiers centraux de Montréal à vélo, il ne faut pas oublier les quartiers périphériques, croit de son côté Robin Black, coordinateur de projet chez l’organisme Cyclo Nord-Sud.  

«Montréal pourrait être une ville comme Amsterdam, mais notre inquiétude est qu’il y ait des coins comme Amsterdam et d’autres comme Détroit [dominée par les automobiles]», indique-t-il. 

M. Black habite Villeray, où la circulation à vélo est facile, mais travaille dans Saint-Michel, un des quartiers les plus dangereux pour les cyclistes et les piétons.  

«Les quartiers les plus excentrés, qui sont aussi souvent les plus pauvres, sont les derniers à recevoir les aménagements alors que ce sont eux qui en auraient le plus besoin [comme ils ne sont pas desservis par le métro]», souligne-t-il.  

Si le réseau cyclable gagnerait à être étendu, selon Cynthia Falaise, porte-parole de l’Association mobilité active Ahuntsic-Cartierville (AMAAC), il pourrait aussi être pensé dans la continuité du réseau de transport en commun.  

«On voit beaucoup cela aux Pays-Bas, où les infrastructures de transport en commun sont faites pour accueillir les vélos, avec toujours, notamment, des stationnements sécurisés», explique-t-elle.  

Suivre l’exemple 

La question des transports est entourée de plusieurs enjeux majeurs – environnementaux, économiques, sanitaires – auxquels le vélo pourrait apporter une réponse, croient tous deux Cynthia Falaise et Jean-François Rheault. 

«On est dans une crise climatique. Le rapport du GIEC [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat] nous laisse à peine quelques années pour changer la trajectoire, après c’est foutu. On sait que le transport constitue le plus grand secteur émetteur de gaz à effet de serre au Québec. Le vélo offre une solution à ça», signale Cynthia Falaise. 

«Moins de dépenses reliées à la voiture, ça veut dire plus d’argent pour les ménages, ce qui est favorable au commerce local. En plus, au Québec, comme on ne produit pas de voitures ni d’essence, c’est donc de l’argent qui sort de notre économie», renchérit le PDG de Vélo Québec. 

Dans ce contexte, il faut centrer la discussion sur des exemples qui fonctionnent, comme ceux d’Amsterdam ou de Copenhague, ou d’autres villes nordiques comme Oulu, en Finlande, où les enfants vont à l’école en vélo sur de la neige tapée, plaide la porte-parole de l’AMAAC. 

«Des marches ont été gravies, il faut maintenant redoubler d’ardeur», conclut-elle. 

Quelques chiffres

Montréal: 711 km de voies cyclables pour 431,5 km² (superficie de la ville) 

Amsterdam: 767 km de pistes cyclables pour 219,3 km² (superficie de la ville) 

Selon Vélo Québec, le nombre de déplacements à Montréal entre 2013 et 2018 a augmenté de 17%. En 2020, 1,1 million de Montréalais ont fait du vélo. Quelque 350 000 l’ont enfourché au minimum une fois par semaine alors qu’ils étaient 275 000 à le faire cinq ans auparavant. 

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