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Occupation double: les femmes riches sont-elles moins attirantes? 

Mégane, propriétaire d'une sellerie haut de gamme

Occupation double vient à peine de commencer que déjà des candidat.e.s soulèvent les passions dans les salons. Cette semaine, Mégane, la propriétaire d’une sellerie haut de gamme, a suscité quelques réactions du public et a eu un effet repoussoir auprès de plusieurs candidats au passage, en parlant à maintes reprises de ses avoirs et de son goût pour le luxe. Doit-on comprendre qu’au Québec, une femme qui aime l’argent et qui en parle, ça ne passe pas? 

«L’argent est un sujet tabou, lance d’entrée de jeu la sexologue Véronique Jodoin. Comme l’est la politique ou la religion.»  

Dans le cadre d’un premier rendez-vous, la spécialiste des relations indique qu’il n’est pas recommandé d’aborder ces sujets qui divisent. On devrait plutôt essayer de rester dans quelque chose de plus léger. 

Cela dit, elle précise qu’on ne devrait pas cacher sa vraie nature. Les valeurs, les envies et les croyances demeurent des sujets importants qui doivent être abordés assez tôt dans la relation. Autrement, ils pourraient éventuellement devenir des sources de conflit.  

Au premier rendez-vous, on peut s’assurer qu’il y a une connexion physique et mentale avant de détailler le contenu de notre portefeuille, mais il ne faut pas non plus trop attendre avant de parler de sujets qui nous importent beaucoup. Et dans le cas de Mégane, c’est clairement le luxe et l’argent. Tout le Québec sait maintenant combien ses selles à cheval coûtent (psst: jusqu’à 6500 $). 

Pas que l’amour 

Mais, dans nos idéaux romantiques, un couple se forme d’abord et avant tout au nom de l’amour, constate Annie Cloutier, sociologue.  

«Dès qu’on rencontre une personne, on est tenté de croire que seul l’amour nous guide, mais des recherches en sociologie montrent que ce n’est pas vrai. Il y a toujours des intérêts autres: économie, sécurité, etc. Mais il ne faut pas le dire. C’est si réprimé qu’on ne se le dira même pas à nous-même.» 

Il n’est donc pas étonnant pour la sociologue que certain.e.s préfèrent camoufler l’importance de l’argent dans leur couple, par peur d’être jugé.e.s. 

Né.e.s. pour un p’tit pain 

Véronique Jodoin perçoit une certaine hypocrisie à juger Mégane si rapidement puisque beaucoup de candidats et de spectateurs doivent partager son goût pour le luxe, selon elle. Ce serait le fait d’en parler si ouvertement qui rendrait les gens mal à l’aise. 

Les expertes interviewées par Métro s’entendent pour dire que l’argent est particulièrement tabou au Québec.  

«Faire de l’argent, ce n’est pas bien vu au Québec, témoigne Annie Cloutier. Le principe culturel profond de notre société reste le catholicisme. On vient d’une société où pendant longtemps nos ancêtres se sont fait dire d’essayer de ne pas se démarquer, de ne pas faire d’argent, de ne pas s’attacher aux biens matériels. Ces valeurs subsistent dans notre façon de penser, dans notre culture, dans le jugement que l’on porte sur une personne qui dit aimer le luxe. C’est le contraire des sociétés anglophones d’Amérique du Nord dont le fondement culturel profond est plutôt protestant. Dans ces sociétés, faire de l’argent est plus valorisé.»  

Double standard 

Selon les expertes interviewées, un certain relent de patriarcat et de sexisme explique aussi ce jugement.  

«Encore aujourd’hui, dans notre société, les femmes ont moins le droit de faire de l’argent que les hommes», observe Mme Cloutier. 

Une fille qui s’affirme comme autonome, indépendante et aimant l’argent, ça dérange. 

Annie Cloutier, sociologue

À titre d’exemple, lorsque Marc-Olivier – le candidat qui a (étrangement) décidé de laisser sa place – a fait son discours sur le tapis rouge, il a clairement indiqué qu’il avait de l’argent et qu’il pouvait inviter les filles à de multiples rendez-vous de luxe. Et les filles ont été charmées, puisqu’elles l’ont choisi.  

«Les rôles stéréotypés masculins et féminins prévoient que l’homme soit le pourvoyeur qui rapporte l’argent et que la femme soit celle qui se fait gâter», rappelle Véronique Jodoin. 

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