Est-ce que c’est du stress ou de l’anxiété? Une déprime passagère ou une grosse dépression? Il n’est pas toujours simple de savoir ce que l’on vit. Métro est allé voir des psys pour vous aider à y voir plus clair sans vous autodiagnostiquer.
«Comme professionnels de la santé mentale, on a des critères pour établir un diagnostic [de trouble anxieux ou de dépression], mais en dehors de la profession, il est tout à fait normal de ne pas savoir si on souffre d’un de ces troubles ou non», affirme d’emblée Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue et conférencière.
Et même pour les professionnel.le.s, le diagnostic peut prendre du temps avant d’être établi, ajoute l’experte, qui indique, elle, prendre normalement «un bon trois séances pour faire le tour» avant de se prononcer.
Il existe cependant des signes qui peuvent aider à faire la différence entre un simple stress ou un moment de déprime et un trouble de santé mentale plus sérieux.
Déprime ou dépression
«La déprime est une tristesse, une baisse d’humeur, généralement associée à une cause précise, comme une rupture, un renvoi, un deuil, etc. On est capable de l’exprimer, de mettre des mots dessus», explique tout d’abord la psychothérapeute Jacqueline Arbogast.
La dépression est cependant moins simple à expliquer. Elle ne se résume pas à un sentiment de tristesse et on a du mal à en saisir les causes, qui sont souvent multiples et liées à une accumulation de facteurs.
«La dépression est un sentiment profond qui ne s’évacue pas naturellement. On a besoin d’aide, on n’est plus capable de rien faire, on n’a plus de motivation, plus d’envie, on n’est plus attiré par les choses qu’on aimait d’habitude. On a l’impression d’être au fond d’un trou et de ne pas pouvoir en sortir», précise Jacqueline Arbogast.
Chez une personne dépressive, de nombreux symptômes peuvent se manifester: trouble du sommeil, trouble de l’alimentation, fatigue omniprésente, sentiment d’agitation ou au contraire de ralentissement, dévalorisation de soi, difficulté à se concentrer, idées suicidaires… La liste est longue.
À la différence de la déprime, qui est passagère, la dépression s’inscrit dans le temps et peut durer plusieurs mois, voire plusieurs années. Comme le souligne Geneviève Beaulieu-Pelletier, une déprime qui ne passe pas peut se transformer en dépression; il faut donc rester vigilant.
Stress ou anxiété
Bien qu’il ne soit jamais très agréable de le ressentir, le stress est une réponse normale à une situation potentiellement dangereuse. Quand il n’est pas en excès, c’est un mécanisme qui permet de se protéger, indique Jacqueline Arbogast: «Par exemple, le stress de rouler avec du verglas va m’inciter à prendre des précautions dans ma conduite», illustre-t-elle.
De la même manière que la déprime, le stress possède donc une cause clairement identifiable, il est justifié par un contexte précis et limité dans le temps.
«L’anxiété ,c’est un sur-stress tourné vers le futur, où l’on anticipe tout négativement, explique la psychothérapeute. On se sent donc démuni, on a l’impression que l’on ne va pas y arriver.»
Le trouble anxieux peut se manifester à la fois par un sentiment de détresse, de peur, de panique, des pensées intrusives obsédantes et par des sensations physiques intensément inconfortables comme des palpitations cardiaques, une tension ou une faiblesse musculaire, des maux de tête, des nausées, etc.
«On n’est pas capable d’arrêter de penser à quelque chose. Ça occupe une bonne partie de notre journée et on reste avec une boule à l’estomac», explique la psychologue Amélie Seidah.
Contrairement au stress, l’anxiété peut aussi se déclencher sans aucune raison, sans que le contexte le justifie. Elle pousse à adopter des comportements d’évitement ou d’hypervigilance, ajoute Amélie Seidah, qui nous paralysent dans la prise de décision et peuvent rendre très difficile de fonctionner au quotidien.
Le temps du diagnostic
De nos jours, les gens ont parfois tendance à diagnostiquer trop rapidement ce genre de trouble, croit Amélie Seidah.
«Dans une culture où tout va super vite, une culture de performance où l’on doit exceller même dans notre gestion du stress et de nos émotions, c’est comme si on n’avait plus le droit de ressentir un inconfort émotionnel sans tout de suite vouloir mettre une étiquette», dit-elle.
Pour la psychologue, toutes les informations que l’on trouve aujourd’hui par rapport à ces troubles, notamment grâce aux réseaux sociaux et aux figures connues qui en ont parlé dans les médias, sont «comme un couteau à double tranchant». On enlève de la stigmatisation, on fait de la sensibilisation, mais, parfois, ça donne l’impression que c’est plus inquiétant que ça ne l’est réellement, que tout va mal, alors que l’on vit seulement des expériences de vie difficiles.
À l’inverse, elle indique que certaines personnes peuvent être tellement habituées à vivre avec des troubles anxieux ou dépressifs qu’elles ne s’en rendent même plus compte. «C’est comme quelqu’un qui a tout le temps le nez bouché à cause des allergies, illustre Amélie Seidah. Il oublie jusqu’à tant qu’il respire mieux.»
Dans un cas comme dans l’autre, il est normal d’être dans l’incertitude, de se questionner, et raisonnable de prendre le temps de le faire avec l’aide d’un.e professionnel.le de la santé mentale. Anxiété, stress, dépression, déprime; l’important est de réussir à mettre des mots sur ce que l’on vit pour trouver les ressources et les solutions adaptées.