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«Hangxiety»: l’anxiété post-brosse, un cercle vicieux

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Photo: Istock

Si la majorité des gens peut se permettre de lever du coude et d’abuser parfois des bonnes choses de la vie, personne n’est complètement à l’abri du risque de souffrir un jour ou l’autre d’hangxiety et de tomber dans son cercle vicieux.   

Mais c’est quoi au juste, l’hangxiety? Le mot-valise anglophone désigne l’anxiété ressentie lors des lendemains de veille, qui se présente sous deux formes typiques: d’un côté, on trouve des gens qui vivent avec l’anxiété et qui cherchent à la soulager en levant le coude; de l’autre, on trouve des personnes qui subissent des symptômes d’anxiété à cause de leur consommation d’alcool, un dépresseur du système nerveux central, nous expliquent deux expertes de l’abus de cette substance.  

Louise Nadeau, professeure émérite au Département de psychologie de l’Université de Montréal reconnue pour ses recherches en toxicomanie, affirme que les données sont claires: «En général, on fait d’abord de l’anxiété, qu’on automédicamente avec de l’alcool, et quand on boit trop, on ressent plus de culpabilité, donc on a plus de symptômes dépressifs et on continue de soigner cette détresse psychologique avec de l’alcool.»  

«Mais le problème, c’est que l’anxiété est aussi un des effets de l’alcool», ajoute Anne Elizabeth Lapointe, directrice générale de la Maison Jean Lapointe, qui observe également le cycle de l’automédication avec l’alcool. «Alors oui, il y a une anxiété qui peut apparaître dans les journées qui suivent la consommation d’alcool», souligne-t-elle.  

Madame Lapointe indique que plusieurs facteurs peuvent entrer en ligne de compte pour rendre nos hangovers anxiogènes: ça peut aller de questionnements qu’on a sur notre comportement de la veille jusqu’au café – un stimulant – qu’on prend pour nous remonter le lendemain, en passant par les symptômes physiques comme le mal de tête, le manque de sommeil, la déshydratation, un système digestif qui travaille fort ou une inflammation musculaire.  

Ça, la comédienne et autrice Éliane Gagnon, qui célèbrera bientôt six ans de sobriété, s’en souvient très bien. «Il y a tellement plus dans la vie que de se réveiller la tête dans le cul», lance-t-elle en s’excusant de l’usage de l’expression, qui reste tout de même bien choisie. La fondatrice de la plateforme Soberlab souligne qu’on «perçoit la vie de manière beaucoup plus pessimiste et négative» quand on est hangover et qu’il n’est pas facile d’être de bonne humeur avec une envie de vomir. «C’est vraiment une spirale qui t’amène vers le bas», explique-t-elle. 

Spirale. C’est le mot qui revient dans toutes nos conversations, parce qu’il illustre mieux que le cercle vicieux cette idée qu’on chute de plus en plus. Quand on est dans cette spirale, on n’a pas simplement eu une consommation à risque qui nous a fait angoisser le lendemain et revoir notre relation à l’alcool. On est tombé dans la progression de la dépendance, et on ne s’en rend souvent pas compte avant de se heurter à un mur. C’est ce qui est arrivé à Éliane. Littéralement. Un accident de voiture en état d’ébriété lui aura permis de se «réveiller à temps» et d’aller en traitement, un parcours malheureusement assez classique.  

Alors, comment on fait pour prévenir l’hangxiety ou pour la guérir? Si on ne souffre pas de dépendance, il faudra éviter des comportements à risque en lien avec la consommation et trouver des stratégies pour combattre l’anxiété, comme une thérapie cognitive, des méthodes de relaxation et l’habitude de se confier à des proches à propos de nos états d’âme, conseille la Dre Nadeau. 

Mais si on a un problème de consommation, il faut le traiter en plus de l’anxiété, car les risques de rechute sont plus importants si elle n’est pas aussi soignée. «Si l’anxiété persiste après le sevrage, on comprend que la personne a probablement un trouble d’anxiété et c’est là que la médication ou la psychothérapie va être recommandée», explique Anne Elizabeth Lapointe. 

«Une fois que tu arrêtes de consommer, c’est là que les bibittes sortent. Il faut aller à la source. Pourquoi t’as bu? Pourquoi t’as envie de fuir?», conclut Éliane Gagnon, qui a découvert son anxiété après avoir cessé de boire. 

Le Défi 28 jours arrive peu de temps après les Fêtes et ce n’est pas un hasard. C’est un moment pour se questionner sur notre consommation, pour faire le bilan. Et si, cette fois-ci, on en profitait pour réfléchir à notre hangxiety

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