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Quel genre de personne va dans un festival de philo?

«L’explication téléologique en mécanique classique» et «l’écologie politique et la production conceptuelle des technosciences», ça intéresse qui? Les participants d’un festival de philo, évidemment! Ces deux titres sont justement ceux donnés à des ateliers présentés dans le cadre de Philopolis, un festival de philosophie organisé à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) du 24 au 26 février derniers. Curieux de savoir qui sont ces adeptes de réflexions profondes, Métro est allé y faire un tour.

D’abord, en arrivant sur place, on remarque un bon nombre d’étudiants de philosophie et d’autres domaines. Ils discutent ensemble dans les corridors d’idées en tout genre, de la schizoanalyse de Deleuze à la déconstruction de Derrida, en passant par un questionnement sur l’ontologie de la religion dans l’œuvre Dune. Ce dernier sujet était d’ailleurs celui au centre de la présentation de l’exposant Andrew Ankersen qui était présent à l’événement.

C’est justement à travers un enchaînement de présentations d’exposants suivies de périodes de questions et de discussions dans les corridors, en attente de la prochaine présentation, que le festival se déroule.

Photo: Guillaume Ledoux/ Métro

Des étudiants…

Le festival est organisé par des étudiants en philosophie des quatre grandes universités montréalaises, soit l’UQAM, l’Université de Montréal (UdeM), Concordia et McGill, ce qui explique leur présence en grande quantité. Certains d’entre eux étaient même exposants. C’est notamment le cas de Jacob Courchesne, un étudiant au baccalauréat en philosophie de l’UdeM, qui a présenté un exposé sur les rapports entre la logique et le divin chez les philosophes Rosenzweig et Wittgenstein.

Photo: Guillaume Ledoux/ Métro

Parmi ceux qui ont assisté à son exposé, il y a Nathan, aussi étudiant, qui témoigne de la valeur de l’événement en disant qu’il «permet de propager des idées qui ne seraient pas nécessairement propagées. Il permet aussi de juste passer un bon moment avec des gens intéressés par la philo et ressouder des liens entre les différentes branches». Effectivement, par les périodes de questions et les discussions ouvertes, Philopolis rend plus accessible la philosophie qu’elle ne l’est lorsqu’elle se retrouve dans des recueils complexes et pointus.

…et des citoyens du troisième âge?

Outre les étudiants, on trouve aussi des personnes de tous âges et tous horizons qui sont simplement intéressées par la philo. Étonnement, parmi ces non-étudiants, les gens qu’on retrouve de manière disproportionnée, ce sont des «citoyens du troisième âge», comme en témoigne l’un des organisateurs.

Parmi ceux-ci, il y a M. Boiko et son fils. Les deux, des touristes américains, sont tombés par hasard sur l’événement, mais sont restés pour assister à plusieurs conférences parce qu’ils «aiment apprendre sur tous les sujets et réfléchir».

Photo: Guillaume Ledoux/ Métro

Un couple qui correspond aussi au profil nous dévoile la raison de sa présence. La présence de madame est un peu initiatique. «Je n’ai pas encore complètement commencé mon exploration de la philosophie, mais c’est important pour comprendre plein de choses de la vie, comme notre façon de réfléchir et nos biais inconscients», nous dit-elle.

Pour monsieur, «c’est prendre un pas de recul pour se questionner sur des phénomènes de société et puis essayer de comprendre les fondements. D’où ils viennent et où on peut aller. […] C’est fondamental».

En partant de l’événement, enthousiasmé par la présence des savants à Philopolis, comme Socrate par le divin dans Le Phèdre, on ne peut s’empêcher de philosopher un peu à notre tour. Qu’est-ce qui pourrait expliquer la surreprésentation de ces citoyens âgés à Philopolis? Serait-ce parce que ce sont surtout les retraités, n’étant plus soumis aux attentes de productivité de notre société, qui peuvent jouir de l’oisiveté nécessaire pour développer un intérêt envers «la réflexion pour la réflexion» assez prononcé pour participer à un tel événement? Est-ce que des personnes de plus d’horizons différents seraient portées à développer leur raison et leur créativité intellectuelle à travers la philosophie dans une société non travailliste? On s’arrêtera là parce que si on a appris quelque chose, c’est que les bons philosophes génèrent plus de questionnements que de réponses.

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