Des médecins de l’Hôpital de Lachine ont mis la main à la poche pour s’offrir des inhalothérapeutes en piochant dans leurs primes afin de pouvoir rouvrir l’urgence du centre hospitalier, fermé depuis le 7 novembre.
En raison d’un manque de personnel, le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) avait annoncé un plan de contingence et une fermeture partielle et temporaire du secteur de l’urgence ainsi que de l’unité de soins intensifs de l’hôpital.
En puisant dans leurs propres primes, les médecins comptent offrir 15 000$ d’incitatifs par année pendant deux ans pour les trois premiers inhalothérapeutes qui seront engagés pour les soutenir à l’Hôpital de Lachine.
La santé des patients avant tout
En entretien avec Métro, le Dr Paul Saba, président du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP) de l’Hôpital de Lachine se confie le côté inhabituel de cette décision pour répondre à cette situation de crise. «Il faut agir de façon exceptionnelle quand on vit une situation exceptionnelle», confie-t-il.
Pour le Dr Saba, en fermant les urgences «le CUSM a fait plus de mal que de bien», à une population défavorisé, majoritairement francophone qui ne veulent pas se faire soigner ailleurs que dans leur hôpital ou prendre un taxi pour aller se faire soigner au centre-ville.
C’est leur hôpital. Pour la majorité, ils n’ont pas les moyens, ni le désir de se faire soigner ailleurs.
Dr Paul Saba
La priorité du Dr Saba et de son équipe reste la réouverture le plus rapidement possible des urgences, et cela avant tout pour respect pour leurs patients et leur code de déontologie: «Nous avons une obligation d’agir pour le meilleur de nos patients et de notre population.», affirme-t-il. En ce sens, le médecin encourage les inhalothérapeutes qui veulent travailler dans l’hôpital communautaire, y compris à temps partiel, à le contacter afin de résoudre le plus rapidement possible cette situation de crise.
Réuni en assemblée il y a quelques jours, une majorité des médecins des hôpitaux de Lachine avait adopté une résolution demandant solennellement au CUSM de garder ouvertes les urgences 24/7 après le 7 novembre 2021 «avec une couverture adéquate d’infirmières et d’inhalothérapeutes». Une injonction avait été émise le 10 novembre par le Dr Saba afin de faire infirmer la décision du CUSM.
Le Regroupement Québécois des Médecins pour la Décentralisation du Système de Santé (RQMDSS) qui représente 770 000 citoyens et 800 médecins avait également appuyé une réouverture de l’urgence et les soins intensifs 24/7 de l’hôpital Lachine.
Le CUSM déclare respecter les décrets du gouvernement
Déjà à l’initiative de plusieurs lettres et résolutions, les médecins comptent également avec cette annonce alerter les autorités de santé publique et le gouvernement sur la crise que traverse l’Hôpital.
«Nous voulons aussi remettre les pendules à l’heure puisque nous avons perdu nos inhalothérapeutes qui sont allés en ville, attirés par des primes du gouvernement. Et on fait partie de la même famille du CUSM. On trouve cela injuste. »
Le Dr Saba regrette que les gestionnaires ne tiennent pas compte de la valeur d’un hôpital communautaire comme celui de Lachine, classé 20e meilleur hôpital du Canada selon Newsweek.
Le Dr Singer qui m’a appelé de Boston était choqué de la façon dont on est traité à Lachine. Les hôpitaux communautaires donnent les meilleurs soins de première ligne auprès de la population, à moindre coût par rapport aux centres universitaires.
Dr Paul Saba
Contacté par Métro, le CUSM a déclaré respecter les décrets du gouvernement du Québec: «Les conventions collectives signées par le gouvernement et les syndicats déterminent l’ensemble des primes et leur application (différentes unités peuvent avoir différentes primes). Finalement, les infirmières et inhalothérapeutes de Lachine reçoivent toutes les primes auxquelles ils ont droit.», déclare Annie-Claire Fournier des communications du CUSM.