Aïcha Toumi a dû faire preuve de résilience après s’être retrouvée en situation de handicap à l’âge de neuf ans. Déterminée à mordre dans la vie, la jeune femme semble aujourd’hui avoir trouvé sa voie en s’impliquant au sein de l’Association d’entraide des personnes handicapées physiques de Montréal (ALPHA).
Obtenir des services adaptés à sa situation de handicap était difficile pour Aïcha alors qu’elle vivait en Algérie, se remémore la jeune femme de 28 ans. Cette situation difficile a poussé sa mère à immigrer avec Aïcha et ses sœurs au Canada en 2005.
Une fois au Canada et au fil d’efforts et de thérapie, la nouvelle arrivante a réappris à marcher à l’aide d’une marchette et entrepris ses études. Malgré son état d’esprit positif, Aïcha concède que l’entrée sur le marché du travail a été ardue: les options de travail étaient limitées pour une personne se déplaçant en fauteuil roulant, en quadriporteur et en béquilles canadiennes.
La jeune femme s’est ainsi résignée à accepter un travail d’emballage machinal et répétitif qui lui plaisait peu via un programme de réinsertion à l’emploi, souhaitant à tout prix «sortir de la maison» et se rendre utile.
Un nouveau souffle à l’ALPHA
Tout a changé pour Aïcha au mois d’octobre lorsqu’elle a découvert l’ALPHA. Cet organisme communautaire situé à Pointe-aux-Trembles compte environ 240 membres et a comme vocation de briser la solitude.
L’association offre également un programme de réinsertion à l’emploi, dont Aïcha a pu bénéficier à titre de secrétaire. Une occasion qu’elle «adore» et lui permet aussi de socialiser et de s’impliquer auprès des membres. Pour Nathalie B. Vaillant, coordonnatrice au soutien dans la communauté, l’arrivée de la jeune fille dynamique au sein de l’organisme a d’ailleurs été un baume pour les membres, qui la voient comme «la fille qu’ils auraient aimé avoir».
L’ALPHA, qui encourage l’autonomisation de ses membres, offrira également à Aïcha l’occasion de donner des ateliers de slam, un moyen d’expression qu’elle affectionne beaucoup. Malgré ses problèmes d’élocution, la jeune fille s’enthousiasme pour le projet et indique que «rien ne l’arrête» lorsqu’elle aime quelque chose.
Pleine d’idées, elle souhaite également s’impliquer dans le volet 18-35 ans, peu développé en raison de la moyenne d’âge plus élevée des membres.
Manque de locaux
En plus d’offrir un volet de soutien à ses membres dans la communauté, l’ALPHA offre de nombreuses activités adaptées à sa clientèle, allant de la Zumba à l’art.
Or, une pénurie de locaux guette l’organisme, car certaines des salles utilisées sont louées à la Ville, qui a priorité pour ses activités. «C’est vraiment un gros enjeu de trouver des salles accessibles et assez grandes pour les personnes en situation de handicap. On sent que ça commence à devenir fragile», explique Nathalie B. Vaillant.
Comme dans plusieurs organismes communautaires, le financement précaire qui se fait de plus en plus «par projet » est aussi un enjeu récurrent.
Mme Vaillant a toutefois confiance que l’organisme, qui œuvre depuis plus de 40 ans, saura continuer d’offrir ses services essentiels à ses membres. «Quand tu as des gens merveilleux qui s’impliquent, ça va de soi que ça va continuer.»