Ahuntsic-Cartierville

Bruit des avions : le nombre de plainte s’envole

Des députés montréalais travaillent à rapatrier leurs commettants.

Aéroport de Montréal (ADM) a annoncé avoir reçu un peu plus de 48 000 plaintes au sujet du bruit des avions qui survolent Montréal. Ce nombre est 30 fois plus élevé que celui qui avait été avancé il y a deux ans.

En 2017, ADM disait avoir reçu 537 plaintes. En 2018, c’était 1562, en 2019, il y en a eu 48 273. La hausse vertigineuse s’expliquerait par un changement de méthodologie, ce «qui rend difficile les comparaisons avec les années antérieures», a prévenu ADM dans un communiqué. Antérieurement, ADM réduisait à une seule doléance le total de plaintes faites par un plaignant en une journée, peu importe leur nombre. Maintenant, toutes les plaintes sont comptabilisées.

«Nous avons remarqué que la tendance au niveau de la compilation des plaintes [dans d’autres aéroports du monde] était de les comptabiliser dans leur totalité, nous avons donc décidé de nous arrimer à cette façon de faire», indique dans un courriel Anne-Sophie Hamel, directrice, affaires corporatives et relations médias chez ADM.

Cette approche a été mise en place dans le cadre d’un nouveau plan d’action sur le climat sonore développé et adopté par ADM.

«C’est une opération de public relation», fustige Bill Mavridis, celui qui a développé l’application Aéroplainte, un logiciel qui permet d’envoyer un courriel de plainte avec un téléphone intelligent. Il active avec un groupe de citoyens réunis sous le nom de Montréal-dB qui se bat contre le bruit des avions. «Ces chiffres sont destinés à dire qu’ADM change ses méthodes et fait quelque chose», dit-il.

«La présentation des chiffres est intéressante, mais nous restons sur notre faim», observe pour sa part Pierre Lachapelle, directeur des Pollués de Montréal-Trudeau, un groupe citoyen luttant contre le bruit des avions au-dessus de Montréal.

Selon lui, ADM décide d’agir depuis que les Pollués ont intenté une action en recours collectif et l’entrée en scène de M. Mavridis et de son équipe. «Il y a des motifs de croire qu’ADM réagit parce que nous nous sommes mobilisés », avance-t-il.

Le bruit des avions en chiffres

ADM avance que 64 % des plaintes ont été déposés par le biais d’Aéroplainte. Les autres signalements ont été faits par le biais de la plateforme d’ADM Webtrack, par courriel, par téléphone et même par courrier postal.

Par ailleurs, ADM précise aussi que 5645 plaintes (11,7%) émanent d’une seule personne. Vingt personnes en ont formulé 27 340 autres, soit plus de la moitié du nombre total.

Ces données indiquent également que 26 900 doléances sont liées à la trajectoire des aéronefs et que 7855 sont formulées pour les avions bruyants.

Pour M. Mavridis ces détails sont superflus. «Je ne fais aucune distinction. Pour moi une plainte est causée par un avion. La source du problème est la même», dit-il.

Il reste que la publication de ces chiffres, leur disponibilité en permanence sur le site d’ADM, ainsi que leur mise à jour mensuelle sont des efforts de communication inédits. «La gestion du climat sonore est un dossier prioritaire pour ADM», écrit Mme Hamel d’ADM. Pour elle, tout est fait pour une cohabitation harmonieuse entre l’aéroport et les riverains.

Pour Pierre Lachapelle, directeur des Pollués, le dévoilement de statistiques n’est pas suffisant si cela n’est pas accompagné d’actions pour remédier au problème de fond. «Cela prend une transfiguration plus forte pour que nous soyons traités comme nous devons l’être dans une société démocratique.»

«Après ces chiffres, verra-t-on ADM modifier les routes ou réduire le nombre des vols ?», se demande M. Mavridis.

Pour M. Lachapelle si ces données doivent servir à quelque chose, ce serait pour édicter un couvre-feu rigoureux pour les vols de nuit. «Si on ne peut pas dormir, cela signifie qu’on prive les citoyens des conditions de vie minimales.» Selon lui, le climat sonore doit être géré par une instance indépendante d’ADM.

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