Auteure-compositrice-interprète et résidente d’Ahuntsic-Cartierville, Djely Tapa vient de remporter le prix Juno pour l’album de musique du monde de l’année. Une reconnaissance pour cette artiste qui ne cesse de surprendre.
Djely Tapa, Sountougoumba Diarra de son vrai nom, est convaincue qu’elle vient de décrocher une reconnaissance.
«C’est comme un diplôme. Il nous permet de dire que le travail qu’on a fait valait la peine d’être fait et qu’il a été apprécié. Cela signifie qu’on est sur le bon chemin», croit-elle.
C’est son album Barokan sorti au début de 2019, le premier dans lequel elle chante en solo, qui a retenu l’attention du jury des Juno.
Barokan veut dire causerie, communication, en langue mandingue (Afrique de l’Ouest). «Ça signifie “on va se dire les vraies affaires”», résume Djely Tapa.
L’album réalisé par Caleb Rimtobaye est un plaidoyer sur la place des femmes dans la société et une incursion dans la culture africaine. Il avait reçu d’élogieuses critiques dès le départ.
«Cet album c’est un récit de tout ce que je suis, de ma culture, de mes influences de mon apprentissage. Barokan, c’est moi», affirme-t-elle.
Djely Tapa c’est une voix, mais c’est aussi un style particulier qui allie rythmes et mélodies traditionnelles du Mali à des sonorités très occidentales.
À Montréal, on l’a entendu sur scène avec le groupe Afrikana Soul Sister au Festival nuits d’Afrique. Avant cela, elle a collaboré avec Zal Sissokho et le cirque Kalabanté.
De loin
Toutefois, son parcours artistique et sa vocation remontent à plus loin encore. Sa mère, Kandia Kouyaté, est chanteuse et joueuse de Kora (harpe africaine) célèbre au Mali.
«Je viens d’une famille de griots. Nous sommes les gardiens de la tradition des chansons, des danses et des contes. C’est ce qui fait ma base traditionnelle, dit Djely Tapa. C’est l’élément central de ma vie que je ne peux pas enlever.»
Autour de ce noyau vient se greffer tout ce qu’elle a croisé au long de ses 17 ans de carrière. «Le temps que j’ai passé ici est plus long que celui que j’ai passé au Mali. Tout ce qui me relie à moi-même se trouve au Canada. J’ai plus d’attache ici qu’au Mali», soutient-elle.
Il est donc normal de retrouver sur cet album plusieurs influences, que ce soit le blues, le jazz, l’électro.
«Cet album et le prix ne sont pas une fin en soi, prévient-elle. On ne finit jamais d’apprendre. L’être humain est continuellement en train de se développer.»
Après Barokan, Djely Tapa ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle prépare d’autres chansons et d’autres vidéo-clips.