Liette Gauthier, agente culturelle qui veille sur la maison de la culture Ahuntsic-Cartierville, veut offrir un programme de spectacles même si les restrictions sanitaires l’obligent à multiplier les acrobaties.
Est-ce que ça marche la culture complètement en mode virtuel?
Je suis la première étonnée. Moi-même, j’ai de la misère à regarder un spectacle en ligne. Nous nous sommes attelés à faire des rendez-vous virtuels et pas des spectacles live. Ce sont des capsules en direct avec des interactions et des rencontres d’artistes. Une œuvre est présentée, mais on n’enchaîne pas les pièces comme dans un spectacle.
Est-ce que cela réduit la capacité d’émerveiller?
On a fait des choses extraordinaires. Le 17 décembre, la journée la plus froide de l’univers, on était dehors avec un quatuor vocal pour la distribution des paniers de Noël dans le cadre de l’Aide alimentaire hivernale d’urgence à Ahuntsic. C’était tellement beau.
Le dernier spectacle, c’était un quintette de cuivre. Les musiciens étaient habillés en casse-noisette. C’était à midi. J’avais trois garderies et un party de bureau en ligne en même temps. Les musiciens étaient sur scène et disaient tout le monde debout, les enfants se levaient.
On avait demandé aux garderies d’apprendre aux enfants une chanson de Noël et les musiciens l’exécutaient. Ils disaient, maintenant on va chanter telle chanson pour la garderie les petits canards. Les enfants capotaient. Il y a eu vraiment un moment de magie.
Je suis assez heureuse de vivre cela et de sentir qu’on est d’une utilité incroyable. Je trouve que la culture prend tout son sens actuellement. Même si elle n’est pas reconnue comme service essentiel, on se rend compte qu’elle est indispensable par la joie qu’elle procure.
Outre la musique, quelle est la place du théâtre? Il y’en avait beaucoup avant.
Il n’y en a pas eu beaucoup parce qu’on ne pouvait pas faire respecter la distanciation. Alors on a invité Mathieu Quesnel et Yves Jacques [pour une lecture d’extraits de pièces et chansons]. Ils ont raconté comment ils ont monté un spectacle. C’était tellement drôle. Ils ont raconté des histoires, ils ont chanté, il n’y a rien qu’ils n’ont pas fait. Cela a fait vivre au public des choses qu’il ne pourrait vivre autrement.
Comment concevoir une programmation malgré les restrictions sanitaires?
J’essaie toutes sortes d’affaires. Je veux être autant au service autant des artistes que des spectateurs. En janvier, il y aura quatre résidences. On va faire des capsules de répétitions parce que les shows ne sont pas prêts. Il y aura aussi des interventions des artistes pour nous dire ce que leur rapporte la résidence.
Comment faire travailler des gens ensemble en pleine pandémie?
Tout le monde s’adapte continuellement. On fait aussi très attention. Il y a le lavage des mains et des parcours à suivre. On veut garder vivant ce petit cœur qui bat.
Il n’y aura pas de spectacles proprement dits?
Premier show officiel sera le 6 février, s’il n’y a rien qui nous tombent dessus d’ici là. Ce sera du jazz et de la musique cubaine avec Yoel Diaz y la Camerata. Il y aura cinq musiciens sur scène. L’œuvre est allégée. Ce sera en direct avec des interactions du public.
Le modèle que vous préconisez, est-il viable en dehors de la COVID?
Quand on reviendra à la normale je pense que ça vaudrait le coup de garder un aspect en ligne. Il y a des gens qui ne peuvent pas sortir le soir de toute façon. Offrons-leur du fun quand ils sont pognés dans leur salon.