Aucune des trois propositions d’aménagement du site archéologique de Fort-Lorette ne semble faire l’unanimité selon les résultats d’un sondage mené l’automne passé. Il ressort toutefois que la préservation de l’aspect naturel du site est une priorité.
La Ville de Montréal avait proposé trois aménagements possibles du site. Il y a eu 230 répondants en français et 13 en anglais, qui se sont prononcés du 16 novembre au 15 décembre sur le projet d’une grande jetée qui mène à une rotonde en porte-à-faux donnant sur la berge, d’une promenade aménagée le long de la rive ou d’une série de sentiers secondaires qui arrivent à des lieux d’interprétation aménagés sur les coins du site de Fort-Lorette.
Les résultats ont été dévoilés la semaine dernière. «Il faut demeurer très prudent face à un sondage d’avant-projet. Les commentaires du public sont plus importants que la simple compilation de résultats», prévient l’architecte Jocelyn Duff, qui a participé à une large consultation d’experts sur le projet avant qu’il ne soit soumis à l’avis du public.
Pour lui, il est difficile de concevoir des espaces urbains uniquement par des sondages.
Perspectives
«Les résultats de l’analyse s’accordent en grande partie avec nos réflexions sur le devenir du site. L’aménagement doit respecter l’intégrité des vestiges mis à jour et prendre en considération les éventuelles découvertes à venir», commente pour sa part le coprésident la Société d’histoire d’Ahuntsic-Cartierville (SHAC), Yvon Gagnon qui est engagé dans les consultations pour la préservation de ce site depuis le début.
Il fait référence au scénario numéro 3 qui, même s’il n’a pas pris le dessus globalement, est apparu pour plus de la moitié des sondés comme le plus en harmonie avec la préservation de l’aspect naturel et écologique du site de Fort-Lorette.
Il permet aussi de faire un lien avec l’ancienne buanderie des sœurs de Miséricorde, un bâtiment en bon état actuellement inutilisé et qui fait partie de l’ensemble du site de Fort-Lorette.
«Le projet de la SHAC pour un musée dans l’arrondissement et l’étude de faisabilité qui devait être menée fut mis de côté en attendant la fin des consultations sur la mise en valeur du site du Fort-Lorette», rappelle M. Gagnon de la SHAC.
Pour lui, l’aménagement du site de Fort-Lorette doit comprendre un lieu d’interprétation historique pour lequel la buanderie se prêterait parfaitement.
Intégration
Pour l’architecte Jocelyn Duff, le développement du site de Fort-Lorette doit faire partie d’une vision globale du réaménagement des berges.
Il rappelle qu’Hydro-Québec a achevé l’année passée un enrochement à la limite du site historique pour renforcer un mur de soutènement.
«Depuis que les citoyens se mobilisent contre les enrochements d’Hydro-Québec, j’entends souvent le commentaire que le belvédère du scénario 1 serait trop près du barrage Simon-Sicard. Sur ce point, le sondage est instructif», note-t-il.
La Ville promet qu’un concept d’aménagement préliminaire qui prendra en compte les commentaires et avis des citoyens sera présenté au printemps.
Grand comme un terrain de football, 4400 m2, le terrain qui renferme les vestiges de Fort-Lorette jouxte l’église de la Visitation. Il a failli disparaître quand les propriétaires, les sœurs de Miséricorde l’avaient vendu en 2016 au promoteur Antonio Rizzo pour 2 M$. Il a été racheté par Ville en 2017 pour 5,7 M$. Il a été classé patrimonial par le ministère québécois de la Culture après une première fouille archéologique.
Construit en 1691, il y a 330 ans, le fort Lorette avait remplacé la Mission de la Montagne à Montréal, destinée à l’évangélisation des autochtones, fermée en 1696.