Ahuntsic-Cartierville

Nerpurn, une bataille longue et couteuse

Le nerprun.

Depuis plusieurs années, les opérations d’éradication des plantes envahissantes dans certains parcs se succèdent sans en voir la fin. L’arrondissement a consenti cette année encore près de 80 000$ pour poursuivre le travail.

L’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville a approuvé récemment une convention de services pour 79 288,90 $ avec le Comité écologique du Grand Montréal (CEGM) pour éliminer le nerprun cathartique et le nerprun Bourdaine aux parcs des Bateliers, de la Merci et du Boisé-de-Saint-Sulpice.

Ce n’est pas la première fois que des sommes sont versées pour l’arrachage des plantes invasives.

Depuis 2016, pour les trois parcs cités, près d’un demi-million de dollars a été dépensé uniquement par l’arrondissement.

Le CEGM va chercher également d’autres financements pour compléter les enveloppes. Plus on remonte dans le temps, plus on voit des sommes versées. En 2017, la Fondation Hydro-Québec pour l’environnement avait déjà accordé 93 000$ pour les travaux au parc des Bateliers. En 2010, ce sont 95 000$ qui ont été octroyés la même fondation pour le réaménagement des sentiers et la préservation de la végétation sauvage du parc du boisé de Saint-Sulpice.

Pour la mairesse d’Ahuntsic-Cartierville Émilie Thuillier, c’est un travail de longue haleine qui est mené.

«Cela prend plus que l’arrachage, c’est un peu comme une course. Idéalement, on espère qu’on n’a pas à le faire très longtemps», indique-t-elle.

On enlève les plantes invasives et on sème des arbres indigènes. Il faut également assurer des suivis. Toutefois, sans savoir quand ce sera terminé.

«On évalue chaque année le travail. Je ne pense pas que quelqu’un puisse avancer, cela prendra tel nombre d’années», estime-t-elle.

La bonne nouvelle cette fois, c’est qu’on sait que les travaux d’éradication sont presque terminés au parc des Bateliers. Pour la campagne de cet été, les équipes y passeront une semaine sur les huit prévues dans l’arrondissement. Le reste du temps est surtout consacré au parc du Boisé de Saint-Sulpice.

«Ce qui doit être fait, ce sont des opérations veille sanitaires. Ce sont des suivis post projet pour que l’envahisseur ne puisse pas revenir», mentionne Érik Bassil, président du CEGM.

Élimination chirurgicale

Le retrait se fait délicatement. Il y va de la survie du milieu dans lequel les nerpruns sont implantés.

«Cela demande du travail manuel et on ne peut pas retirer du nerprun sur plus d’un hectare ou un hectare et demi par année», relève M. Bassil.

Une action plus rapide générerait du stress à la végétation et occasionnerait un choc en livrant le milieu au vent et à la lumière d’un seul coup.

«Pour le nerprun cathartique, on retire les éléments adultes femelles et pour le nerprun Bourdaine on enlève les deux», précise M. Bassil.

Le fait de ne pas enlever la plante invasive partout et au même moment, en une seule opération, fait que les équipes doivent repasser plusieurs fois par-dessus.

«C’est comme dans un métier à tisser pour s’assurer que c’est bien beau. Cela prend du temps», explique-t-il.

Il faut aussi remettre des végétaux indigènes à la place, car le but est de reconstituer le milieu naturel.

«On replante des Carriers ovales et cordiformes, de l’érable à sucre, des chênes, du tilleul d’Amérique, du bouleau jaune, des micocouliers», énumère le président du CEGM.

Un combat

Dans la forêt, le nerprun est un envahisseur particulièrement agressif. Il sort le premier ses feuilles au printemps et c’est le dernier à les perdre à l’automne. Il est plus rapide et dure plus longtemps que les autres plantes.

Son couvert végétal est assez large pour empêcher la lumière d’atteindre les jeunes pousses en dessous de lui. Il libère aussi une toxine dans le sol qui empêche la croissance d’autres espèces.

«La présence du nerprun occasionne la fragmentation de l’écosystème. C’est comme si on avait un miroir qu’on brisait au sol et tous les morceaux qu’on obtient c’est l’écosystème fragmenté. De cette manière il n’est plus fonctionnel au niveau de la biodiversité. Il faut regrouper les morceaux pour reconstituer un puzzle complet», illustre M. Bassil.

Les interventions humaines sont longues, mais nécessaires si on ne veut pas voir les écosystèmes péricliter.

«On risque de les voir à long terme disparaître. Un arbre n’arrive pas à se reproduire et un jour il meurt», rappelle M. Bassil.

Perte de contrôle

Originaire d’Europe et d’Asie, on trouve le nerprun aussi au centre de l’Angleterre. Il a été introduit en Amérique du Nord à la fin du 19e siècle comme plante ornementale et médicinale.

Il s’est répandu ensuite partout et il est très abondant dans le sud de l’Ontario, mais présent aussi au Québec. Ce sont essentiellement les oiseaux qui l’ont aidé à disperser ses semences en dehors des zones de plantation.

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