Par stephanie.maunay@tc.tc
Le maire de Montréal, Denis Coderre a dévoilé au début du mois d’avril, le nouveau plan montréalais d’immobilisations 2015 – 2024. La ville compte injecter 800 millions de dollars par année pour maintenir ses infrastructures en vie. Actuellement, le budget est de 1,3 milliard de dollars, ce qui permet de construire seulement 25% de nouveaux équipements et de consacrer le reste à la pérennité des infrastructures.
« Notre volonté est d’amener à niveau toutes nos structures d’ici dix ans», explique Lionel Perez, responsable du sujet au Comité exécutif de la ville. « Il y a une orientation claire de l’administration Coderre d’améliorer la qualité. Pour le moment, ce n’est pas suffisant, mais on va continuer et même essayer d’économiser de l’argent à long terme », précise-t-il.
Le nerf de la guerre
Car le problème est là. La gestion des infrastructures est un véritable gouffre financier pour Montréal. « On peut tout réparer », explique un ingénieur spécialisé dans les infrastructures en béton, qui a souhaité garder l’anonymat. « Les nouveaux matériaux utilisés sont bien plus résistants. On est capable de prolonger la durée de vie. Mais quand les coûts de réparation dépassent de plus de 50% ceux de la reconstruction, il faut se demander si cela vaut la peine, et surtout savoir où l’on va trouver l’argent. »
Réparer le passé
Pont Champlain, échangeur Turcot, rue Notre-Dame, nombreux sont les dossiers à traîner sur le bureau des différentes administrations qui se sont succédées à l’hôtel de ville depuis plusieurs années. Des dossiers qui creusent à chaque fois un peu plus le budget. « On ne va pas faire le procès du passé, mais il y a un déficit de plus de 500 millions de dollars à rattraper en ce qui concerne la chaussée et la voirie, explique M.Perez. Et c’est sans compter les nouveaux chantiers. Les équipements de l’eau, comme les égouts et les aqueducs, posent également des difficultés.»
Changer les méthodes d’inspection
Au mois de janvier dernier, le Ministère des transports du Québec (MTQ) a procédé à une inspection d’urgence sur l’ensemble des ponts et viaducs après l’incident de l’autoroute 40 Ouest [NDLR: Un bloc de béton s’était détaché d’un viaduc et s’était écrasé sur le capot d’une voiture]. « Certains équipements nécessitent un suivi plus régulier, mais la procédure standard correspond à une auscultation approfondie tous les quatre ans. Ce n’est pas assez », reconnaît Lionel Perez, qui travaille actuellement sur la mise en place de nouvelles procédures tous les deux ans. Pour exemple, le dernier bilan de la voirie montréalaise remonte à 2010. 40% des routes montraient déjà des signes de faiblesses ou de grande détérioration. Concernant les structures, le bilan de 2012 indiquait que 36% d’entre elles étaient dans un état de détérioration légère, avancée, voire critique. Un nouveau bilan doit d’ailleurs être publié par l’administration montréalaise la première semaine de mai.
Les infrastructures montréalaises en chiffres589 structures 5800 kms de trottoirs Plus de 10 000 kms d’égout et d’aqueduc Plus de 4 300 kms de chaussée De la poudre de verre dans le béton
La ville de Montréal travaille en collaboration avec l’université Sherbrooke sur l’utilisation de nouveaux matériaux plus solides. Les experts se sont rendus compte que le béton utilisé il y a trente ans finissait par laisser l’eau s’infiltrer, ce qui entraînait une corrosion des armatures et au final, faisait décoller le béton. L’université de Sherbrooke travaille sur des protocoles utilisant de la poudre de verre ou du verre concassé mélangé au ciment pour rendre le béton plus solide.« Tout ceci n’est pas encore en application », explique M. Perez. « Il faut étudier les coûts, trouver des partenaires. La Société des alcools du Québec pourrait être utile dans l’approvisionnement des bouteilles en verre par exemple. On essaie de trouver le meilleur rapport qualité-prix.» Mais au final, peu importe les décisions prises, le vrai défi de Montréal sera de trouver de nouvelles ressources économiques si elle veut maintenir ses structures debout.