Anjou

La guerre des cornets

Une troisième crèmerie va ouvrir dans Tétreaultville, à deux coins de rue d’un fabricant de sorbet et d’un marchand de glace familial. En réaménagement, le local qui accueillera la nouvelle succursale de La Diperie devrait bientôt arborer les couleurs de la chaîne de cornet à tremper.

L’apparition de l’affichette annonçant le nouveau commerce dans la porte du 8726 Hochelaga a fait réagir plusieurs citoyens sur les réseaux sociaux. Avec déjà deux entreprises semblables dans le même périmètre, les Tétreaultvillois y ont dénoncé le manque de diversité. De plus, ils ont clamé leur soutien à la Crèmerie familiale de Stéphane Landry, qui s’est senti menacée.

Avec sa signature de couleur turquoise, La Diperie est un concept de crèmerie qui offre des trempages originaux. Le premier commerce est dans un tout petit local de la rue des Pins, à Montréal. On compte maintenant plus de 20 boutiques au Québec et deux en Ontario. Le concept original a été créé par le montréalais Sam Arif en 2014.

Celui-ci comprend qu’il y ait de la compétition, mais souligne que même si La Diperie est associée à la crème glacée, ils offrent plusieurs autres produits, notamment des desserts.

« On a beaucoup de produits aujourd’hui, beaucoup de desserts qui sont différents de la crème glacée, comme des beignes et des gâteaux au fromage qu’on trempe dans le chocolat.»

— Sam Arif, créateur de La Diperie

«Je trouve ça difficile»

Le copropriétaire de la Crèmerie du bonbon plaisir, Stéphane Landry, ne la trouve pas drôle. Après le fabricant de sorbet Kem Coba, un autre compétiteur s’installe dans son secteur.

«Honnêtement, on a trouvé ça bizarre l’année passée avec Kem Coba, mais on s’est rendu compte que c’est un autre produit alors c’est correct, dit-il. Mais La Diperie, je trouve ça difficile.»

Propriétaire de la Crèmerie du bonbon plaisir depuis 4 ans avec sa conjointe Lyza Fréchette, il a apprécié l’appui reçu par sa clientèle. Sous des publications dans les réseaux sociaux, bon nombre de commentaires déclaraient soutenir le commerce familial de M. Landry. «Tout le monde parle pour nous, alors c’est plus facile à accepter», a-t-il confié.

« Je souhaite que ça fonctionne leur affaire, mais en même temps, deux crèmeries c’est assez, une troisième c’est de trop. Il manque de tout dans le quartier, mais pas ça.»

— Stéphane Landry, copropriétaire de la Crèmerie du bonbon plaisir

Résidente du quartier, la famille Landry-Fréchette déplore surtout le manque de diversité commerciale. Lyza Fréchette énumère les grands absents de la rue Hochelaga près de Des Ormeaux : «boulangerie, café, pâtisserie, petit pub, microbrasserie, name it!». Cette critique revient aussi beaucoup sur les réseaux sociaux.

Sorbets maisons

Du côté du fabricant de sorbet Kem Coba, la copropriétaire Diem Ngoc Phan n’est pas inquiète. Sa première succursale, dans le Plateau-Mont-Royal, était devenue trop petite et elle s’est installée sur la rue Des Ormeaux principalement pour faire la production.

«Nous, on dit que plus il y a de la concurrence, mieux c’est. Ça force les gens à mieux travailler et à donner un meilleur service.»

—Diem Ngoc Phan, copropriétaire Kem Coba

Elle soutient que sa clientèle traverse l’île pour ne pas faire la file sur le Plateau. Les sorbets de Kem Coba se distinguent de l’offre habituelle parce qu’ils sont faits à la main par les propriétaires, Mme Ngoc Phan et M Vincent Beck. Des clients interrogés sur place, Jeanne et Sébastien, ont affirmé que l’arrivée de La Diperie allait «juste faire plus de variété».

L’Association des commerçants de Tétreaultville rappelle que «nous sommes dans un marché de libre concurrence». Elle souligne qu’elle vise à aider les entrepreneurs à trouver le meilleur emplacement pour leurs activités et les invite à adhérer à l’Association pour un développement cohérent dans le secteur. Elle souhaite la bienvenue aux nouveaux entrepreneurs qui démontrent de l’intérêt pour son secteur.

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