Plusieurs aînées de Mercier-Est offrent des retouches de couture à moindres frais aux résidents de leur quartier. Elles le font pour venir en aide aux personnes dans le besoin et pour transmettre un savoir qui se perd.
Des retouches, des ourlets, des petites réparations; depuis deux ans et demi, Carmen et sa petite équipe s’affairent chaque semaine derrière leurs machines à coudre installées dans une pièce du Chez Nous Mercier-Est. « Les cousettes », comme elles se font appeler, sont entre cinq et sept, selon les semaines. Elles effectuent ces menus travaux pour tous ceux qui se présentent contre quelques dollars. Les fonds, explique Carmen, sont envoyés au département d’entraide pour les accompagnements médicaux, les paniers de Noël ou l’aide alimentaire.
Toutes bénévoles, ces aînées sont heureuses et fières de pouvoir « se sentir socialement utiles ». « Le coup le plus dur dans la retraite, explique Carmen, c’est d’avoir le sentiment de ne plus être utile. Mes petits-enfants étaient déjà grands, je ne travaillais plus. Je me suis demandé en quoi je contribuais à la société. »
Elle explique recevoir beaucoup de commandes, « surtout quand les saisons changent. » Il faut souvent ajuster les nouveaux vêtements et réparer ceux de l’année précédente. « C’est un service pour lequel il y a une demande », assure-t-elle.
Violette Boudreau est une cousette qui ne sait pas coudre, mais peu lui importe. Elle est parvenue à trouver sa place dans la dynamique de l’équipe. « Je range, je place les choses, je les sors… je suis la petite main! » Son but, dit-elle, c’est « de se faire plaisir. » Un plaisir qu’elle trouve dans le fait « de rendre service à ceux qui en ont besoin. » Outre le service de couture, elle va « là où on a besoin de monde », dans les différentes activités du centre.
Apprendre aux nouvelles générations
Ces aînées actives et prêtes à rendre service à la communauté ne se sont pas arrêtées à ce simple service. Elles sont allées plus loin dans leur démarche en proposant des ateliers d’apprentissage, en partenariat avec le Programme d’information sur le travail et la recherche d’emploi de Montréal, le PITREM, dont les bureaux sont juste au-dessus.
« C’est un petit cours de couture élémentaire, de couture 101, s’amuse Carmen. C’est un savoir qui se perd. Leur grand-mère, leur mère savaient coudre, mais pas les nouvelles générations. Avant, on apprenait à coudre, à cuisiner, à gérer le budget familial, mais ça n’existe plus. Les jeunes ont besoin de savoir coudre pour eux, pour leur famille et pour sauver de l’argent. »
Ce matin-là, trois jeunes femmes dans la trentaine profitent des enseignements et des conseils de Marie-Claude, qui enseigne cette fois la coupe du pantalon, et du soutien de Micheline qui vérifie que la mise en place est correcte.
Élisabeth a 30 ans et elle est mère de famille. À la recherche d’un emploi, elle ne cache pas que l’aspect économique de la couture l’intéresse. « Je viens pour connaitre les différents tissus, apprendre les petits trucs et sauver des sous en apprenant à réparer plutôt que d’acheter », dit-elle. Elle espère réussir à réaliser prochainement des vêtements pour sa petite fille.
Ses professeures, qu’elle trouve « gentilles et cutes », sont pour elle « comme des grands-mamans ». Elle a déjà pu profiter du cours de tricotin, ce qui lui a permis de concevoir un foulard. « C’est un atout de pouvoir faire ces choses-là », pense-t-elle. « Les cousettes » n’en pensent pas moins.