La qualité de l’eau s’est détériorée dans l’est de Montréal et sur l’ensemble de l’île en 2020, selon un bilan réalisé par le Service de l’environnement de la Ville de Montréal, déposé au comité exécutif de la Ville de Montréal le 19 avril.
En 2020, 57% des stations de captation de l’île de Montréal ont obtenu l’approbation QUALO, c’est-à-dire propice au contact direct avec l’eau. Une baisse importante en comparaison à 2019, alors que 81% des stations l’avaient obtenue.
L’est de Montréal attire spécialement l’attention: aucune des 23 stations du territoire n’a obtenu la qualification QUALO en 2020, alors que 12 l’avaient eu en 2019, et 3 en 2018.
Cette baisse de qualité s’explique en grande partie par des précipitations plus abondantes en 2020 comparativement aux cinq dernières années, selon les auteurs du rapport.
«Il y a des enjeux de surverse lorsqu’on a des précipitations intenses. Ça amène des déversements d’eau de mauvaise qualité directement dans le fleuve, surtout dans la partie est, où on a un réseau d’égout qui combine les eaux pluviales et les eaux sanitaires», explique Emmanuel Rondia, directeur général du CRE-Montréal.
Les précipitations plus fréquentes liées aux changements climatiques mettent d’ailleurs plus en lumière l’insuffisance des infrastructures de gestion des excès de précipitation dans le secteur, souligne-t-il.
Malgré tout, bien que le pourcentage QUALO en 2020 se situe sous la moyenne des 10 dernières années, il s’agit d’un meilleur bilan qu’en 2018, alors que seulement 50% des stations avaient obtenu l’approbation QUALO. Ainsi, la saison 2020 serait «simplement un retour à une situation plus normale», souligne le rapport.
«On reste à une situation quand même assez préoccupante pour la situation de l’eau sur une bonne partie du territoire», s’inquiète néanmoins M. Rondia.
Saint-Laurent : grande baisse de la qualité de l’eau
La qualité de l’eau du fleuve Saint-Laurent attire particulièrement l’attention, avec seulement 13% QUALO, le plus faible pourcentage connu depuis l’an 2000.
À titre comparatif, ce cours d’eau avait eu 38% en 2018, et 94% en 2019.
Les auteurs du rapport indiquent que la qualité de l’eau dans le fleuve a été «la plus influencée par les pluies abondantes survenues au moment de l’échantillonnage ou peu de temps avant celui-ci.»
La rivière des Prairies
Le pourcentage de stations de la rivière des Prairies ayant eu la qualification QUALO en 2020 (51 %) est inférieur à celui de 2019 (57%).
Sur les 25 stations situées en amont de la rivière des Prairies, du lac des Deux-Montagnes jusqu’à la station du parc Nicolas-Viel, 19 ont été́ certifiées QUALO. En 2019, 21 stations avaient eu la certification.
Plus à l’est, aucune station n’a obtenu la certification QUALO, tout comme en 2018 et 2019.
Le rendement de la rivière est toutefois supérieur à la moyenne des 10 dernières années. (45%).
«La diversification de la faune et de la flore s’est beaucoup améliorée dans les 30 dernières années. Est-ce qu’on est dans un environnement où on peut dire « allons nous baigner autour de Montréal »? Non, mais il y a des enjeux de perception qui sont parfois plus graves que la réalité de la situation en temps réel», souligne Christian Desautels, directeur général de La route de Champlain.
À son avis, les données du rapport sont à prendre avec précaution. Les moyennes faites par année ou par semaine ne donneraient à son avis qu’un portrait partiel de la situation.
Des tests en temps réel pourraient brosser un portrait complet du comportement de la rivière et d’identifier en amont des sources de pollution qui ne sont pas identifiées par les outils disponibles.
Des ruisseaux restent en mauvais état
Depuis plusieurs années, la qualité des ruisseaux et des plans d’eau intérieurs est affectée par le phosphore, les coliformes fécaux (COLI), les matières en suspension et une insuffisance en oxygène, souligne le rapport. Les eaux de ruissellement et en provenance des égoûts pluviaux constitueraient une source non négligeable de pollution, surtout «dans des zones fortement industrialisées de la métropole montréalaise».
Le ruisseau De Montigny, qui coule à la frontière ouest de Rivière-des-Prairies et de l’arrondissement d’Anjou, voit sa qualité inchangée par rapport à l’an dernier. La qualité de l’eau demeure « polluée dans trois des quatre stations de la tête du ruisseau, près du boulevard Bombardier, jusqu’à son embouchure dans la rivière des Prairies. »
La qualité des eaux du ruisseau Pinel est également restée «mauvaise» cette année, comme en 2019. Même chose pour la qualité de l’eau à l’embouchure de la Coulée Grou.
Les autres stations situées en aval de la rivière à partir du parc Gouin n’ont pas obtenu la certification QUALO, tout comme en 2018 et 2019.