Anjou

Futur Daltonien: un monde idéal et un premier album pour l’artiste Noushka

Cluny Michel, Noushka de son nom d'artiste, lance son premier album. / Josie Desmarais/Métro

L’artiste émergente Noushka présente Futur Daltonien, un premier album s’inspirant de l’histoire afro-canadienne et de son expérience en tant que femme noire vivant au Québec.

Résidente de Mercier depuis 2018, la jeune femme de 29 ans originaire de Gatineau a profité de la pandémie pour créer cet EP contenant un total de six pièces aux sonorités pop, principalement en français.

Noushka – Cluny Michel de son vrai nom – raconte avoir vécu beaucoup de frustration lors de ses études en design pour le théâtre à l’Université Concordia, entre autres à la suite d’un conflit assez tendu avec l’un de ses professeurs.

Elle s’est donc inspirée de cet épisode pour la création de son album.

Pour le titre de ce premier opus, l’artiste en a eu l’idée au détour d’une conversation avec une designer de costumes avec qui elle travaillait à l’école. Confondant les couleurs, la designer a fini par avouer à Noushka qu’elle était daltonienne.

Noushka s’est alors dit que «ce serait quasiment le fun si on était dans un monde daltonien».

C’est ainsi qu’est né ce concept d’un monde idéal où les humains ne distinguent pas les couleurs.

Elle reconnaît en revanche que c’est un monde fantasmé, car «à cause de notre histoire, on ne peut pas ignorer les couleurs et toutes les différences».

«C’est important d’assumer les différences et c’est beau de les voir dans chaque culture», précise Noushka.

L’album Futur Daltonien est disponible en ligne depuis le 11 février. Photo: Gracieuseté, Noushka

Une période traumatisante

Fille d’un père haïtien et d’une mère jeannoise, Cluny Michel raconte qu’elle n’avait pas conscience du racisme avant de se retrouver sur les bancs de l’école.

«J’aurais voulu être préparée à ça, mais mes parents ne m’ont pas éduquée au racisme», explique-t-elle, ajoutant qu’elle ne les blâme pas pour autant.

L’école primaire s’est avérée une période traumatisante, se remémore Noushka.

Je m’en souviens, je retournais à la maison et je disais à ma mère “J’aimerais ça être comme toi, avoir ta couleur de peau et être belle comme toi.”

Noushka

Noushka ne se souvient pas de quelle façon sa mère réagissait à ces propos, mais assure qu’elle disait souvent à sa fille à quel point elle était belle et qu’elle aimait ses cheveux.

L’une des chansons de l’album porte d’ailleurs sur ses cheveux frisés, que, pendant longtemps, elle n’a pas aimés.

«Quand j’étais enfant et que je regardais les annonces de shampoing, il n’y avait aucune fille qui me ressemblait.»

Dans cette pièce intitulée À mes yeux (Cheveux), Noushka revendique son appartenance au Québec en affirmant qu’«il n’y a pas que les cheveux lisses qui représentent la fleur de lys».

Noushka met la culture afro-canadienne de l’avant dans une création à la fois musicale et visuelle. Photo: Gracieuseté, Noushka

Femme de caractère

Une autre de ses chansons, Femme de caractère, aborde la question d’être une femme noire au Québec. Ce fut d’ailleurs le premier extrait à paraître cet automne et à être diffusé sous la forme d’un vidéoclip.

Dans ce dernier, Noushka porte un costume de bain mauve, une couleur s’inspirant du billet de banque à l’effigie de Viola Desmond, une femme d’affaires noire qui a lutté contre la ségrégation raciale en Nouvelle-Écosse dans les années 1940.

Une corde a également été cousue au costume de bain afin de rappeler, explique-t-elle, la pendaison de Marie-Joseph Angélique, une esclave noire de Montréal qui a été accusée en 1734 d’avoir déclenché un incendie qui a rasé le quartier des marchands.

Noushka abordera également l’histoire afro-canadienne dans ses vidéos à venir. L’une des scènes du clip pour la pièce Nos patnè a été tournée devant l’Université Concordia, afin de rendre hommage à l’occupation de 1969 menée par des étudiants antillais qui accusaient un professeur de racisme.

Une histoire qui lui rappelle ce qu’elle a elle-même vécu lors de ses études.

Pas Américaine

Si les précédentes chansons composées par Noushka étaient en anglais, avec Futur Daltonien, elle dit souhaiter explorer la langue française et la culture québécoise, qu’elle dit «vraiment apprécier».

Avant, j’étais plus dans le monde anglais. Je regardais la télé en anglais. Mais là, j’ai commencé à écouter plein d’émissions québécoises. On a une culture qui est assez authentique. Je regarde des émissions québécoises et je ris, parce que ce sont vraiment des choses que je dirais. Tandis qu’en anglais… Tsé, je ne suis pas américaine. Je suis canadienne québécoise.

Noushka

Lancé le 11 février dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs, Futur Daltonien est disponible sur la majorité des plateformes d’écoute en ligne.

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