Après des années au point mort, le projet d’écoquartier sur le site de l’ancien hippodrome pourrait enfin aller de l’avant. Un comité composé d’une quinzaine d’acteurs du milieu des affaires, du communautaire, de l’immobilier résidentiel et du financement privé et institutionnel aura la mission d’élaborer rapidement ce que sera l’écoquartier.
Par la création du Groupe d’accélération pour l’optimisation du projet de l’hippodrome (GALOPH), le gouvernement du Québec et la Ville de Montréal souhaitent réunir autour de la table les meilleurs acteurs en matière de financement, de conception et de mise en marche de projet pour accélérer le développement du projet.
Coprésidé par le président et chef de la direction de Claridge, Pierre Boivin, et la présidente et cheffe de la direction du Fonds de solidarité (FTQ), Janie Béïque, le GALOPH aura huit mois pour développer un plan d’affaire dans la perspective d’amorcer dès 2025 la construction de l’écoquartier. Le comité identifiera les éléments nécessaires à chaque étape du projet, afin d’assurer le redéveloppement du secteur Namur-Hippodrome.
«Nous avons un vaste territoire qui revêt un potentiel énorme pour améliorer la situation du logement à Montréal, le territoire de l’ancien hippodrome, a déclaré la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau. Comment on fait pour en accélérer le développement? Bien, on allie toutes les forces pour développer une vision et des solutions communes et surtout accélérer la réalisation de ce projet.»
Le site de l’ancien hippodrome, dont la Ville est le propriétaire, pourrait accueillir plus de 6000 logements. Par la création du GALOPH, les trois paliers gouvernementaux misent ainsi sur une nouvelle façon de faire avancer les projets dans la métropole.
Le ministre responsable du Développement économique régional et ministre responsable de la Métropole, Pierre Fitzgibbon, a fait remarquer que ce «genre de démarche» pourrait être reproduite pour le développement de l’est de Montréal. Il a profité de l’occasion pour souligner l’importance de travailler avec le secteur privé responsable d’une grande partie du projet.
«Soyez créatifs, soyez innovants, mettez-nous au défi de réaliser ce qui n’a pas encore été fait à Montréal et au Québec», a-t-il dit en s’adressant aux membres du GALOPH.
«Partir d’une page blanche»
Au cours des prochains mois, le comité devra évaluer le nombre d’unités qui pourront être développées, le placement des services et le réseau de transport en commun. Il devra aussi assurer la mixité du quartier, les sources de financements et les échéanciers du projet. La mairesse Valérie Plante y voit une «très belle opportunité» pour partir d’une «page blanche» en ce qui concerne l’ancien hippodrome.
«Ce qu’on demande au groupe tactique, c’est de nous arriver avec un plan d’affaires qui va permettre de faire un développement à l’échelle de l’hippodrome et non pas d’y aller avec la vieille méthode, c’est-à-dire “morceau par morceau”, a déclaré Valérie Plante. Le plus grand défi en lien avec le secteur de l’hippodrome, c’est qu’il faut faire toutes les infrastructures. Non seulement c’est un défi, mais il y a des coûts associés à ça.»
Le comité aura aussi comme mission de revoir l’entente signée en 2017 entre Québec et la Ville. Cette dernière prévoit le partage des recettes de la vente des terrains cédés à la Ville par Québec.
Le projet immobilier de l’écoquartier de l’hippodrome s’inscrit dans le développement du secteur stratégique. Depuis une dizaine d’années, la Ville peine à faire sortir de terre ce projet important pour le logement social et abordable dans la métropole. La Ville avait lancé à deux reprises l’an dernier des appels d’offres qui n’ont pas vraiment suscité l’intérêt du secteur privé et communautaire. La mairesse a reconnu que l’entente «un peu restrictive» signée avec Québec a pu jouer un rôle à cet égard.
En octobre 2020, l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) publiait un rapport qui remettait en question la viabilité du projet, mettant notamment en cause la congestion routière dans le secteur Namur-Hippodrome.
À la suite de l’annonce de la création du GALOPH, l’opposition officielle à l’hôtel de ville a déploré le fait qu’une vision d’ensemble et des investissements se faisaient toujours attendre six ans après la signature de l’entente entre la Ville et Québec.
«On multiplie les tables de discussion sans répondre aux critiques des acteurs en habitation, dénonce le porte-parole de l’opposition officielle en matière d’infrastructures, Alan DeSousa. L’arrivée du gouvernement du Québec, du gouvernement du Canada et des partenaires est de bon augure pour assumer le leadership qu’il manquait cruellement au développement du secteur, bien que leur prise en charge constitue un retour à la ligne de départ.»