La réouverture graduelle des écoles ce printemps obtient l’appui de l’Association des pédiatres du Québec (APQ). Il estime nécessaire ce retour progressif et volontaire des enfants en classe pour leur bien-être et afin de socialiser. Le syndicat des enseignants de la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys se montre aussi en faveur, mais dans la mesure où la sécurité du personnel soit assurée.
Les milieux scolaires et des services de garde représentent un filet social pour les jeunes, surtout les plus vulnérables. La fermeture des écoles depuis plusieurs semaines entraîne des dommages collatéraux notamment sur le plan de la santé mentale, de la maltraitance et de l’accès à des repas équilibrés, évoque l’APQ.
Repousser la réouverture en septembre équivaudrait à un retour à la case départ pour le virus, soutient son président, Dr Marc Lebel. Avec la présence en prime du rhume et de la grippe.
«La meilleure façon est d’essayer de bâtir une immunité de groupe progressive. C’est un peu comme aplatir la courbe, mais plus prolongé, qui permettrait aux enfants de s’infecter, d’avoir une immunité et que ça ne replante pas», mentionne le pédiatre infectiologue au CHU Saint-Justine.
Protéger les plus à risque
La grande majorité des enfants supportent bien le nouveau coronavirus, avec des symptômes légers et un faible taux d’hospitalisation. Néanmoins, ils demeurent des vecteurs de transmission. La protection des personnes à risque demeure ainsi un aspect à considérer, précise le Dr Lebel.
«Il va falloir que le ministère de l’Éducation pense à quels enseignants ou autres intervenants ne devraient pas être en contact avec les enfants. Généralement, des professeurs plus âgés avec des conditions médicales spécifiques», détaille-t-il.
Dans cette même logique, les enfants qui regagneront l’école devront éviter d’être gardés par leurs grands-parents, indique Dr Lebel. Les enfants ou ceux dont les parents ont des problèmes de santé doivent aussi rester à la maison, comme le recommande Québec.
Mesures cohérentes
Le gouvernement Legault a annoncé son plan pour la réouverture graduelle des écoles, lundi. Quelques jours avant son dévoilement, le Syndicat de l’enseignement de l’Ouest de Montréal (SEOM) faisait face à de nombreuses questions sans réponse. Il souhaite la mise en place de mesures cohérentes avec celles appliquées dans d’autres milieux de travail.
«On n’a pas l’intention d’être les cobayes de l’immunité collective. On sait qu’on va devoir reprendre le travail et possiblement qu’on va être exposé comme partout ailleurs. Mais on veut s’assurer que les mêmes précautions soient prises que dans une tour à bureaux du centre-ville.» – Mélanie Hubert, présidente du SEOM
Sa présidente, Mélanie Hubert, se questionnait sur la façon dont la distanciation sociale sera respectée dans les corridors et dans les classes. Québec veut limiter à 15 le nombre d’élèves par classe.
«Montrer à un enfant de première année ou de maternelle comment tenir son crayon ou son ciseau, on voit mal comment on peut faire ça à distance. Ça va nécessiter des contacts», dit Mme Hubert qui se demande si le personnel aura accès à des masques ou des gants.
Difficile à imaginer
Elle observe que les directives de santé publique exigeront de réfléchir à plusieurs détails qui rendent difficile d’imaginer un retour dans ces conditions. Le nettoyage des mains en est un exemple, qui pourrait avoir des répercussions sur l’horaire.
«S’il faut envoyer les enfants un par un ou deux par deux aux toilettes pour garder des normes de distanciation sociale, faire le tour du nettoyage des mains pour 200 élèves, on parle de trois heures, une minute par élève», décrit Mme Hubert.
La réouverture des écoles primaires est prévue le 11 mai en région et le 19 mai dans le Grand Montréal si la situation reste stable. Un délai nécessaire pour bien réussir l’opération, aux yeux de la syndicaliste. Le retour dans les écoles secondaires devrait avoir lieu en septembre.