L’atelier-boutique Marigold de la rue Wellington qui fêtera sous peu son premier anniversaire, mise depuis le début sur l’achat local. Tous les produits sont 100% fabriqués à Montréal.
Celle qui a fondé la marque de vêtement Marigold il y a sept ans, Marilyne Baril, remarque que de plus en plus de gens sont sensibles à «garder» l’argent au Québec. Sa clientèle d’avant la pandémie était particulièrement attentive à cet enjeu, mais la designer se réjouit que davantage de personnes se rallient à la cause.
«Depuis quelques années, on voit plus de gens qui posent des questions d’où ça provient. On le voit beaucoup dans l’alimentation, soulève Mme Baril. On fait plus connaître les producteurs. C’était juste naturel que ça s’en aille vers le vêtement aussi.»
«Au début je fabriquais à Montréal, pas parce que c’était écoresponsable, je le faisais juste parce que c’était naturel pour moi. Je crée le vêtement, je le coupe, je le couds et après je le vends.»
-Marilyne Baril
Consommateur
D’ailleurs, les vêtements Marigold possèdent une étiquette qui détaille le coût rattaché à chaque étape du vêtement. «On a décidé de mettre en lumière non seulement les prix, mais aussi qui a fait quoi», explique la designer. Elle s’est inspirée de l’entreprise américaine Everlane qui faisait cette initiative dans un souci de transparence avec ses clients. Maintenant, quelques entreprises québécoises ont emboîté le pas.
Selon Maryline Baril, la pandémie aura permis pour le consommateur de voir toute l’importance du fameux «acheter, c’est voter». Elle critique la production de masse dans l’industrie de la mode qui met sur les tablettes des vêtements à bas coût. « Un t-shirt à 5$ ce n’est pas normal, c’est aberrant. Il y a quelqu’un quelque part qui se fait maltraiter tout simplement», dénonce-t-elle.
Cette dernière comprend que tous n’ont pas les moyens financiers de débourser de grandes sommes pour un vêtement, mais la qualité moindre d’une pièce peu coûteuse sera obsolète plus rapidement. Il faudrait acheter moins, mais de meilleure qualité.
Expertise perdue
«Il y a environ 30 ans, il y a eu la mondialisation, donc l’ouverture des marchés. Il y a eu beaucoup de délocalisation de la production. Donc aujourd’hui, on n’a plus l’expertise pour faire des manteaux techniques par exemple», explique Marilyne Baril.
De grandes compagnies québécoises ont investi dans d’autres pays qui se sont développés et sont maintenant spécialisées. On retrouve ainsi en Chine des types de machines spécifiques désormais inexistantes au Québec.
Par exemple, dans la province il n’est pas possible de faire des petites culottes sans couture, des imperméables dont la couture est étanche ou encore coudre des chemises en soi. De plus, plusieurs métiers de l’industrie de la mode tendent à disparaître puisqu’il n’y a pas de relève comme réparateur de machine à coudre ou aiguiseur de ciseaux.
La Grappe mmode, un organisme à but non lucratif, travaille pour rassembler les acteurs de la mode québécoise et faire rayonner le secteur à l’internationale. Il revalorise entre autres des métiers de la mode pour assurer une relève.
D’autre part, bien que la pandémie a été un coup dur pour des commerces qui misaient sur l’achat local, la boutique Marigold se porte bien. La vente en ligne a légèrement augmenté au plus fort de la crise et les clients peuvent désormais venir faire l’essayage en toute quiétude.
Chaque vêtement essayé est mis en quarantaine et passé à la machine à vapeur. Marilyne Baril est confiante pour la période des Fêtes. Elle s’est d’ailleurs installée à Verdun parce que les gens étaient motivés par l’achat local et qu’ils ont montré un fort enthousiasme quant à l’ouverture de sa boutique.