Des travaux nécessitant de nombreuses mesures de sécurité sont en cours depuis le 29 mars au sud de l’autoroute 15 afin d’y extraire des sols contaminés à l’amiante. Cette opération, réalisée dans le cadre de la réfection du corridor du nouveau pont Champlain, se poursuivra pendant un mois dans trois zones entre l’échangeur Atwater et la rue Wellington.
«Ces traces résultent entre autres de la démolition antérieure de bâtiments», explique Annie-Claire Fournier, du consortium Signature sur le Saint-Laurent (SSL), qui est en charge du projet de corridor du nouveau pont Champlain.
Bien qu’incapable de nous dire précisément la quantité d’amiante qui sera retirée des sols, SSL a expliqué que cette dernière correspondait à environ 5% du volume total qui sera extrait.
Afin d’éviter toute contamination, le consortium aura notamment recours à des toiles pour recouvrir les zones excavées. Par ailleurs, certains travaux seront effectués à des moments précis pendant la journée.
Mesures de sécurité
Par exemple, l’excavation des sols contaminés a lieu en journée, et des activités de remblai sont effectuées en soirée. «Il s’agit d »éviter que les sols ne se retrouvent à découvert pendant la nuit», précise Annie-Claire Fournier. Ces mesures préviendront la mise en suspension de fibres d’amiante dans l’air.
Selon Stéphane Blais, cofondateur et gérant de chantier chez Aire D3 inc., une compagnie qui se spécialise en enlèvement d’amiante, «remblayer est un excellent moyen de contenir l’amiante».
«Une délimitation des aires des travaux par une clôture et la pose d’une toile orange, une signalisation adéquate, ainsi que la disposition des débris dans un site autorisé par le ministère du Développement durable, Environnement et Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC)», sont des mesures mises en place par le consortium.
Pour éviter les risques lors du transport vers le site d’enfouissement, «les conteneurs devraient aussi être doublés, pour que la poussière d’amiante ne s’envole pas sur le chemin», explique Stéphane Blais.
Des travailleurs protégés
Des mesures seront également prises par Signature sur le Saint-Laurent pour assurer la sécurité des travailleurs. Une roulotte de décontamination sera sur place pendant toute la durée des travaux. Les intervenants sont par ailleurs tous des travailleurs formés en matière d’amiante.
Ils porteront un équipement de protection adéquat, tel que stipulé dans la section 3.23 (Travaux susceptibles d’émettre de la poussière d’amiante) du Code de sécurité pour les travaux de construction de la Loi sur la santé et la sécurité du travail
Toujours selon la section du code, «les matériaux friables contenant de l’amiante qui sont susceptibles d’être dispersés au cours des opérations doivent être mouillés en profondeur tout au long des travaux».
Arroser le site était à l’ordre du jour, mais «avec le printemps, les sols déjà imbibés d’eau font en sorte que l’arrosage pour contenir les poussières n’est pas requis pour l’instant», observe Annie-Claire Fournier.
Le consortium assure qu’un suivi sera fait. «Notre équipe environnement sera sur place lors des activités d’excavations», précise Annie-Claire Fournier.
Des activités de forage ont été réalisées pendant l’hiver à deux autres endroits, mais les analyses n’ont révélé aucune trace d’amiante.
Malgré les risques potentiels causés par de l’exposition à l’amiante, le consortium assure sur son site web que «cette activité ne comporte aucun danger pour la santé et la sécurité de la population avoisinante».
Un produit hautement cancérigène
Avant 1990, l’amiante était couramment utilisée dans les constructions résidentielle et commerciale au Québec.
Depuis 1983, l’amiante a été entièrement interdit dans 39 pays, selon le site du Centre d’hygiène et de sécurité des travailleurs, mais pas au Canada. Seulement deux lois régissent l’utilisation de ce produit hautement cancérigène.
Exposés aux fibres d’amiante, les travailleurs risqueraient de développer l’amiantose, le mésothéliome et le cancer du poumon.
Les travaux de démantèlement des viaducs de la direction sud de l’autoroute 15 débuteront à la même période que les travaux d’excavation.