Si une majorité de jeunes semblent trouver la politique compliquée et sentent qu’ils ne peuvent rien y changer, Younes Boukala a un tout autre avis. Récemment nommé ambassadeur jeunesse dans le cadre du 375e de Montréal, l’étudiant en sciences politiques originaire du Maroc espère transmettre la passion qui l’anime pour la démocratie à la future génération de décideurs lachinois.
«Lorsque j’ai entendu l’offre à la radio, je me suis dit que c’était une opportunité en or de me faire connaître et de démontrer aux jeunes de mon âge l’importance de s’impliquer», raconte le jeune homme de 21 ans.
En tant que porte-voix des jeunes de son quartier, il sera appelé à donner leurs idées et d’échanger sur leur perception de ce qui constituera le Montréal de demain. Dès sa nomination, il a lancé un appel entendu notamment par l’Alliance jeunesse de Lachine, à laquelle il s’est joint. Il a aussi donné son premier discours devant le conseil municipal de Montréal, le 21 décembre.
Lors du Sommet jeunesse de Montréal, où près de 400 participants seront réunis l’an prochain, Younes Boukala pourra aussi contribuer à la nouvelle Stratégie jeunesse 2018-2021.
Il mise sur son expérience en sports, comme le judo, le taekwondo, la natation, le basketball et le soccer, pour poursuivre sa quête d’établir des ponts entre les différentes cultures et ainsi changer la société montréalaise pour qu’elle devienne une référence internationale.
Donner une voix
Son objectif premier est non seulement de donner une voix à ceux qui, trop souvent, ne sont pas entendus, mais de leur enseigner comment ils peuvent s’intégrer à la démocratie et changer le monde, un petit geste à la fois.
«Les gens des milieux défavorisés, comme dans Saint-Pierre et Duff-Court, ont souvent l’impression que leur opinion ne compte pas, alors ils se taisent. Mais c’est tout à fait faux. S’ils s’unissent, ils peuvent obtenir l’attention des gouvernements», souligne Younes Boukala.
Il prévoit d’ailleurs faire une tournée des écoles primaires et secondaires pour éveiller les élèves à la politique.
«Souvent, les moins de 12 ans croient qu’ils n’ont aucun contact avec la démocratie. Pourtant, chaque geste de négociation, même lorsqu’ils échangent un sandwich contre un dessert avec un ami, devient un comportement politique, jusqu’à un certain point», fait-il remarquer.
Ambition
Arrivé à Lachine alors qu’il n’avait pas encore 2 ans, il se souvient que son intérêt pour la politique lui était presque inné.
«Je viens du Maroc, un état où règne une monarchie constitutionnelle. Je me souviens d’avoir demandé à ma mère comment je pourrais devenir roi. Quand elle m’a expliqué que je n’étais pas né dans la bonne famille, j’ai trouvé ça très injuste», admet-il avec un sourire.
Depuis que ses parents ont émigré au Québec afin d’y trouver du travail, Younes Boukala a toujours accompagné son père dans son entreprise de soudure, même à un très jeune âge.
«À dix ans, je l’aidais à rédiger des lettres pour les clients. Depuis qu’il est retraité, je l’assiste dans la gestion de la coopérative dans laquelle on habite, lorsqu’il faut amender des règlements ou faire des rappels à l’ordre auprès de résidents», continue le jeune étudiant en sciences politiques à l’Université du Québec à Montréal.
Selon lui, cette expérience lui a permis de développer ses talents diplomatiques, mais à une plus petite échelle. Il se sent maintenant fin prêt à relever un plus grand défi.
Pour lui, le titre d’ambassadeur n’est qu’un début et il espère qu’il lui ouvrira des portes sur une longue carrière politique, à la hauteur de ses ambitions.