Lachine

Pertes anticipées de 250 M$ pour Montréal-Trudeau

L'aéroport Montréal-Trudeau

L’aéroport Montréal-Trudeau est désert depuis la fermeture des frontières et l’interdiction de voyager en raison de la pandémie.

Affecté par de lourdes pertes qui devraient s’accentuer au fil des prochains mois, Aéroports de Montréal (ADM) somme le gouvernement fédéral de lui venir en aide.

Une baisse de passagers de 13,5 % a été enregistrée au premier trimestre comparativement à la même période l’an dernier. Conséquemment, les revenus ont diminué de 29,2 M$, notamment à cause de la perte de frais des voyageurs, de stationnement et des commerces.

Avant la pandémie et la fermeture des frontières, ADM connaissait des résultats à la hausse. «On était sur une belle lancée, mais il faudra du temps pour revenir aux chiffres qu’on avait», concède la porte-parole d’ADM, Anne-Sophie Hamel-Longtin.

Turbulences

Une baisse du nombre de passagers de 80% est attendue pour le prochain trimestre. Pour y pallier, les dirigeants d’ADM ont accepté des réductions de salaire de 20%, des chantiers ont été arrêtés et une piste a été fermée

En guise d’aide, Ottawa a offert un congé de loyer aux aéroports canadiens s’étalant jusqu’à décembre 2020, une mesure leur ayant permis d’économiser près de 16 M$, en plus de subventionner 75% des salaires des entreprises ayant perdu au moins 30% de revenus.

«C’est un premier pas, commente Mme Hamel-Longtin. Force est d’admettre que ce ne sera pas suffisant et qu’on aura besoin davantage d’aide financière.»

Le Conseil des aéroports du Canada discute avec le gouvernement fédéral afin d’établir des mesures d’aides supplémentaires, estimant que les pertes à l’échelle canadiennes pourraient s’élever jusqu’à 2,2 milliards.

Choix

Avant de revendiquer de l’aide supplémentaire, les aéroports doivent faire tout en leur pouvoir afin de réduire leurs dépenses courantes, estime le professeur du département des opérations et de la logistique à HEC Montréal, Jacques Roy.

Il rappelle que le gouvernement devra choisir les industries qu’il aidera, puisque plusieurs ressentent les impacts de la pandémie. «C’est embêtant parce que tout le monde veut de l’aide du gouvernement, résume-t-il. L’industrie du spectacle, du tourisme, les restaurants: il y a une longue file d’attente.»

Les transporteurs aériens reçoivent notamment un soutien important dans d’autres pays. «Les aéroports sont moins vulnérables que ces compagnies, considère M. Roy. Quand tout va reprendre, certaines personnes n’auront pas le choix d’aller à l’aéroport, alors ce n’est pas la fin du monde pour ADM.»

L’impact sur l’économie dorvaloise sera important. «Nécessairement, il y a des emplois menacés, et donc des impacts à prévoir», indique celui qui enseigne la gestion des opérations des transports.

D’un point de vue positif, ADM pourrait disposer d’une plus longue période de temps pour financer son projet de construction d’une nouvelle aérogare estimé à 2,5 milliards de dollars.

«Ils se grattaient la tête à savoir comment ils pourraient financer cela. Avec un ralentissement du trafic aérien de quelques années, ils auront un répit pour se préparer», conçoit-il.

Avant la pandémie, il était prévu que le trafic aérien international double d’ici 2037. Maintenant, on ignore quelles seront les projections.

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