Sur les murs du salon, des toiles bancales accrochées les unes au-dessus des autres. Dans la cuisine, des bouteilles de peintures entassées sur les comptoirs et un chevalet placé devant le four. Martha Markowsky a consacré sa vie à l’art. Sa maison en fait foi.
«Je peins presque tous les jours. Qu’est-ce que je vais faire d’autre?», demande-t-elle. On présume que la réponse est rien.
Née de parents venus d’Ukraine, Martha Markowsky a toujours vécu à Lachine. Un coin de la ville dont elle immortalisé quelques rues et devantures de magasins.
Elle peint «Lachine, Côte-Saint-Paul, Saint-Henri, tous ces vieux quartiers parce qu’ils sont tous en train de changer».
L’artiste a pris l’habitude de se promener et de trouver de l’inspiration dans la rue. «Je vois quelque chose, je l’esquisse très rapidement, je reviens et j’en fais une peinture». L’hiver, elle peint même dans sa voiture, son «studio sur roues».
Je fais seulement ce que je veux faire, je n’aime pas quand les gens me disent de faire ceci ou cela.
Martha Markowsky, artiste-peintre
Une vie, mille tableaux
Martha Markowsky dessine depuis un très jeune âge, mais elle n’était pas destinée à en faire son métier. «Ce n’était pas quelque chose que l’on faisait à l’époque. Ma mère disait que les artistes ne gagnent pas d’argent, qu’ils s’habillent mal et qu’ils boivent beaucoup de vin.»
Mais après 20 ans à enseigner la procédure administrative et la dactylographie, elle s’est lancée dans sa passion à temps plein. «J’ai pris un congé et j’ai commencé, et je n’ai pas regardé en arrière». Seulement deux ans ont suffi pour que l’artiste se fasse connaître et expose à Ottawa.
Artiste de métier depuis presque 40 ans, Martha ne s’est jamais lassée de peindre. «C’est l’amour de sa vie», confie son amie de longue date, Elaine.
Voir en couleur
Markowsky peint surtout des paysages urbains, des orchestres symphoniques, et des scènes de bar. «Toutes ces peintures incluent des gens dans leurs activités. Des enfants qui patinent dans des jardins, ce qui est très nostalgique, ou des symphonies. En rentrant chez moi, les filles étaient au coin de la rue à la recherche de clients, et je les dessinais», raconte la peintre.
Son attirance pour les couleurs, toujours très vives dans ses peintures, ont déclenché un intérêt pour ces sujets. «Les couleurs et l’intensité des noirs, des blancs et des rouges [à l’opéra] ne sont pas différentes de celles des filles au coin des rues.» Dans ses cours de dessins, «le modèle était toujours ennuyeux, assis dans la même vieille pose.»
Ses œuvres sont majoritairement peintes à l’huile, mais l’artiste s’amuse aussi avec de l’acrylique, de l’aquarelle, du dessin, incorpore parfois du collage, et a même réalisé des sculptures en bronze et en fibre de verre.
Immortaliser son environnement
De parents ukrainiens, Markowsky a visité son pays d’origine dans les années 1980, sous le régime soviétique. L’artiste en a peint des œuvres lugubres, très différentes de son style habituel. «C’était un tel changement par rapport à notre culture nord-américaine. Il n’y avait que des gens sombres et tristes, il n’y avait pas d’avenir, pas de travail, rien».
Selon elle, «ces peintures rappellent beaucoup ce qui se passe en ce moment, avec les gens et la souffrance». Certaines de ses œuvres de l’Ukraine sont exposées au Musée des civilisations à Gatineau.