L’offre du Club des petits déjeuners à LaSalle est compromise. L’organisme peine à trouver des bénévoles afin d’assurer la distribution des repas aux écoles primaires Sainte-Catherine Labouré et Pierre-Rémy.
«Si je ne trouve pas suffisamment de bénévoles avant Noël, le service de LaSalle sera annulé, constate avec tristesse la coordonnatrice régionale du Club des petits déjeuners, Caroline Soucy. J’espère que la période des fêtes incitera les gens à donner de leur temps pour la cause.»
Chaque jour, l’organisme distribue 175 déjeuners aux enfants laSallois. Le besoin le plus urgent est à l’école Sainte-Catherine Labouré où l’on distribue plus de 80 repas par jour. Il manque seulement entre cinq et dix personnes pour assurer la préparation et la distribution de la nourriture.
Du côté de l’école Pierre-Rémy, entre quatre et cinq personnes seraient nécessaires. Des demandes ont déjà été lancées aux parents des établissements, mais personne n’a fait part de son intérêt.
Les personnes souhaitant offrir de leur temps doivent être disponibles entre 6h30 et 8h30 pour l’école Pierre-Rémy et entre 7h et 9h à Sainte-Catherine Labouré. On demande aux bénévoles de préparer les repas pour les enfants, c’est-à-dire, couper les fruits, chauffer les pains et les gaufres et de service la nourriture.
Continuité
Le concept des petits déjeuners de l’époque ressemble en grande partie à ce qu’il est actuellement avec un repas composé notamment de fruits, jus de fruits, produit laitier et muffin anglais. Les choix sont de plus en plus sains avec le temps et grâce à la participation au Québec de la docteure en nutrition, Isabelle Huot, qui réalise les menus.
«Le Canada est le seul pays du G7 qui n’a pas un programme national de nutrition scolaire, insiste M. Germain. On a fait une entente au municipal il y a deux ans donc on est en train d’ouvrir des services dans de nouvelles écoles. On travaille avec le provincial présentement et on est en discussion avec le fédéral pour pouvoir rallier l’ensemble de ce qu’on a mis sur pied, tant avec le grand public, qu’avec les bénévoles et les entreprises privées.»
L’objectif est donc de servir davantage d’enfants, tout en s’assurant de pouvoir maintenir le service au fil des ans. Il est aussi question de ne plus avoir de file d’attente due au manque de financement. L’intervention du gouvernement est aujourd’hui demandée, mais toujours de manière limitée.
M. Germain parle d’un moment de l’histoire où l’éducation est devenue plus qu’une priorité, mais une urgence. «Les Nations Unies ont rendu obligatoire de finir un secondaire, souligne-t-il. Tous les chefs de gouvernement sont parfaitement conscients que ce qui s’en vient pour les futures générations, c’est un monde qui va être en transformation complète. On parle de l’intelligence artificielle, de l’accès à l’emploi, de l’achat et il va falloir que les qualifications soient bien réelles.»
Son envie est donc d’accélérer la cadence pour s’assurer que les enfants bénéficient, d’égal à égal, des meilleures conditions pour réussir, y compris le repas le plus important de la journée.
Historique
Quelque 65 écoles de la métropole bénéficient aujourd’hui des services du Club des petits déjeuners. Depuis 23 ans, l’organisme vient en aide aux enfants et aux adolescents en leur proposant une alimentation saine. Cette aventure a commencé à l’école primaire Lionel-Groulx de Longueuil.
Dans sa jeune vingtaine, le créateur du Club des petits déjeuners, un Verdunois, a mené différentes missions auprès des enfants vivant au Mexique et en Haïti. Daniel Germain raconte qu’il ne cherchait pas à changer le monde, mais son monde. Le fait d’être confronté à une extrême pauvreté sur place a transformé sa colère en un combat pour la justice.
Une dame rencontrée lors d’une conférence où étaient rassemblées différentes ONG a changé sa perception des choses. «Elle m’a demandé de lui parler de ce que je faisais dans mon pays et je lui ai dit que je ne faisais rien. Elle m’a dit que c’était drôle, car elle avait toujours pensé que c’était impossible d’avoir une vision pour le monde si on n’en a pas une pour chez soi», raconte M. Germain.
De retour au pays, sa réflexion a mûri et il a décidé de porter son engagement auprès des enfants et dans un domaine où il avait la possibilité de modifier la donne. Il s’est alors inspiré du plan Pagé, lancé en 1992 pour mettre en œuvre des projets de lutte contre le décrochage scolaire. Il a cependant souhaité réduire l’implication du gouvernement qui lui semblait être un obstacle.
(En collaboration avec Isabelle Bergeron)