De couturier de rue à artisan du cuir, Jonathan Beaudoin n’a rien du typique fan de mode. Rencontre avec cet artisan hors des sentiers battus.
Barbu, tatoué, bas blanc dans des sandales de cuir, accompagné de Messieux, sa fidèle chienne, il attire la curiosité sur l’avenue du Mont-Royal. Lorsqu’il a débuté, il y a quatre ans, Beaud, de son surnom, a commencé à coudre, justement pour se distinguer.
«Je me suis acheté une machine avant même de savoir coudre. Je faisais des planches à roulettes, mais le bois coûtait cher. J’avais besoin de créer. J’ai tout de suite pensé à la couture, parce qu’on ne voit pas beaucoup de gars anti-mode comme moi dans ce domaine», raconte M. Beaudoin.
Au début, faute de moyens, l’artisan fouille dans les poubelles pour trouver des vêtements qu’il transforme en quelque chose de différent.
«Je fais du nouveau avec du vieux. J’allais dans une ruelle, je fouillais dans les poubelles, trouvait 4-5 bouts de tissus et faisais un sac avec, par exemple. Pour payer les factures, je me suis mis à faire des réparations. J’ai créé un traîneau pour ma machine pour me déplacer», se rappelle le couturier.
Les samedis et dimanches, de mai à octobre, Jonathan part de son atelier au coin des rues Masson et Iberville, avec sa machine sur roulettes et arpente l’avenue du Mont-Royal, jusqu’au parc du même nom. Il passe par le parc La Fontaine, l’avenue Laurier également. Il a débuté cette façon de faire en s’apercevant que les gens n’allaient pas à son atelier, il a donc été à la rencontre de ses clients potentiels.
«Avant, les gens pensaient que j’étais un sans-abri, parce que je traînais une grosse poubelle pleine de bouts de tissus. C’était une bonne amorce pour leur expliquer ce que je fais. Maintenant, ils viennent plutôt me voir, parce qu’ils ont entendu parler de moi», relate M. Beaudoin.
Depuis deux ans, le créateur de L’Appartelier se concentre toutefois plus sur le côté création que réparations. «Je me retrouvais avec des piles et des piles de pantalons à réparer et je n’avais plus le temps de créer. Je continue à me promener avec ma machine, mais dans ma poubelle, j’ai mes créations que je montre et vends aux gens. Je fais toutefois encore quelques réparations de temps en temps», continue-t-il.
De matériaux entièrement recyclés, L’Appartelier s’est désormais tourné vers le travail du cuir, avec un rappel de ses origines de matériaux recyclés.
«De plus en plus, je mélange les matières. Je n’ai pas d’intérêt à acheter un rouleau de tissu, parce qu’avec les vêtements recyclés, les possibilités sont illimitées. Je veux que chaque pièce soit unique», conclut l’artisan.
Pour voir le travail de L’Appartelier, rendez-vous sur son site Internet.