Tout comme quatre autres cafés dans Le Plateau-Mont-Royal, la boulangerie Brioche à tête, située sur l’avenue Fairmount dans le Mile End, propose depuis quelques semaines le concept Cafés en attente. Des personnes dans le besoin peuvent obtenir un café gratuit, grâce à un client qui l’aura prépayé en amont.
Espresso, café au lait, brioche à tête ou croissant: les personnes avec peu de moyens peuvent profiter de la générosité de la communauté du quartier pour se nourrir dans cette boulangerie bien connue du Mile End.
Le caffè sospes, qui signifie «café suspendu, en attente» en français, est à l’origine une tradition de solidarité, pratiquée dans les bars de Naples, en Italie. Cela consiste donc à commander un café et à en payer deux, un pour soi et un autre pour un client qui pourrait en avoir besoin plus tard.
La Giornata del Caffè Sospeso – la Journée du café suspendu – a même été instaurée le 10 décembre 2011 avec le soutien de plusieurs organisations culturelles et le maire de Naples.
Le concept a été lancé à Montréal en 2013, mais a été laissé tomber quelque temps après, par un manque de suivi auprès des commerçants. Un groupe de citoyens a depuis repris le projet il y a deux ans, explique Valentin Bernard, un des bénévoles du mouvement Cafés en attente.
«Je pense que c’est important d’avoir accès à une boisson chaude à l’extérieur, surtout en hiver, mais tout le monde ne peut pas se le permettre, explique-t-il. Cafés en attente c’est aussi une sorte de banque de dépannage si une personne oublie son portefeuille ou n’a pas le montant exact pour se payer un café.»
Valentin Bernard et Sylvette Muller, tous deux bénévoles, vont à la rencontre de commerçants de Montréal pour leur proposer l’initiative. «En un an, on est passé de cinq à 20 commerces participants. Récemment, nous avons été mis en relation avec 50 restaurants italiens. Nous allons les rencontrer dans les mois à venir pour les ajouter sur notre site Web et notre carte interactive, dont sept dans Le Plateau-Mont-Royal», lance M. Bernard.
«Concept à améliorer»
«C’est un très bon concept qui permet d’aider les gens dans le besoin. Les clients adorent l’idée et sont nombreux à participer depuis que l’on a commencé», lance Jonathan Rahmani, propriétaire de la boulangerie Brioche à tête.
Il trouve cependant dommage de voir que certaines personnes profitent de cette initiative pour prendre un café ou une viennoiserie gratuitement, alors que, visiblement, ils en ont les moyens, explique-t-il.
«C’est une idée à améliorer», souligne celui qui pense que cela serait utile de communiquer la liste des commerces participants dans des foyers ou organismes dans la ville.
Valentin Bernard explique que le but est d’être inclusif et d’aider tous les humains afin de créer une solidarité dans les quartiers. Selon lui, c’est aussi aux commerçants d’établir leurs règles en mentionnant aux gens que ces cafés sont pour des personnes qui en ont vraiment besoin.
Le bénévole invite aussi les citoyens à apporter eux-mêmes un café gratuit à des personnes sans-abri ou à les avertir qu’un tel concept existe dans un commerce à proximité. Les clients peuvent aussi se faire imprimer un reçu et le donner à une personne qui pourra aller chercher un café quand elle le souhaite.
«On aimerait que les citoyens et commerçants reprennent notre initiative et la mettent en place par eux-mêmes. Ils ont juste à imprimer notre logo et créer leur propre ardoise et nous on s’occupera de faire le suivi en relayant l’information», commente Valentin Bernard.
Commerces participants dans Le Plateau-Mont-Royal :
|
L’article a connu des modifications.