Depuis lundi, une directive gouvernementale impose à un refuge du Plateau-Mont-Royal de mettre tous ses pensionnaires dehors chaque soir à 21h30. Ces derniers brisent alors le couvre-feu et se retrouvent dans la rue. Une incohérence, selon la directrice de l’organisme.
Le Refuge/The Open Door, qui vient en aide à la communauté itinérante du Plateau, ne comprend pas les directives émises par Québec.
«Certains vont dans d’autres ressources, alors qu’il n’est pas recommandé d’aller d’un endroit à un autre. Les autres restent dehors et se collent pour se tenir chaud, ce qui ne favorise pas non plus la lutte contre la transmission», observe Mélodie Racine, la directrice de The Open Door.
L’organisme, qui avait dû fermer temporairement à cause d’une importante éclosion de cas de COVID, a pu rouvrir le lundi 11 janvier. Il est habituellement ouvert 24 heures sur 24.
Mme Racine a manifesté son souhait de pouvoir rouvrir tout le temps, mais on lui répond que c’est la Direction de la santé publique qui décide.
«J’ai compris entre les lignes que c’est à cause des risques de transmission, mais je ne vois pas pourquoi les services qu’on offre le jour seraient plus risqués la nuit», ajoute-t-elle.
En temps de pandémie, certains citoyens peinent à le comprendre, mais il y a des consignes qui ne peuvent pas être respectées par tous.» – Mélodie Racine, directrice de The Open Door.
Un couvre-feu inapplicable aux itinérants
Plus tôt cette semaine, d’autres organisations ont déjà déploré l’impossibilité d’imposer certaines mesures sanitaires aux personnes en situation d’itinérance.
«Même s’il y avait assez de lits [dans les ressources prévues pour la nuit], de nombreuses personnes ne voudraient pas ou même ne pourraient pas dormir dans un refuge», constate le coordonnateur du Réseau solidarité itinérance du Québec, Boromir Vallée Dore.
La mairesse Valérie Plante a indiqué dans une récente entrevue à Radio-Canada que la métropole compte 1366 lits dans des refuges, or la population itinérante y est au moins deux fois plus grande.
Par ailleurs, fait remarquer M. Vallée Dore, certains refuges refusent d’accueillir des personnes intoxiquées ou des gens qui possèdent des animaux de compagnies.
«Notre crainte, c’est que le couvre-feu ait un impact sur des communautés qui sont déjà marginalisées», a aussi déclaré Mme Nazila Bettache, qui est médecin à Montréal, interrogée par Métro lors d’un rassemblement de citoyens opposés au couvre-feu tenu samedi dernier Place Émilie-Gamelin.
Lors de cet évènement, «plus d’efforts» ont été réclamés pour répondre aux besoins des sans-abri, notamment de la part de la Ville de Montréal.