Menacée de fermeture en raison d’une augmentation importante de son loyer, la librairie S.W. Welch pourra finalement demeurer à son adresse dans le quartier Mile-End.
Ce revirement est le résultat d’une entente conclue entre le propriétaire de la librairie, Stephen Welch, et l’agence immobilière Shiller Lavy. Les deux partis ont signé un nouveau bail de deux ans. Celui-ci entrera en vigueur au mois d’août.
Welch a partagé la nouvelle sur son compte Facebook, lundi midi. Dans sa publication, le bouquiniste explique que le prix du loyer augmentera, mais que l’agence immobilière a accepté de réduire considérablement le montant exigé lors des dernières négociations.
«J’ai monté mon prix un tout petit peu et il a fait descendre le sien énormément», mentionne M. Welch.
Ce dernier a annoncé qu’il avait l’intention de prendre sa retraite lorsque l’entente arrivera à échéance.
L’homme en a aussi profité pour remercier tous les gens qui l’ont soutenu récemment en lui envoyant des messages positifs ou en mettant en lumière sa situation.
Le nouveau prix du loyer de la librairie n’est pas connu pour le moment. Toutefois, Shiller Lavy proposait il y a quelques semaines une augmentation de 150% qui allait faire passer le loyer de 2000$ à 5000$ par mois, comprenant les frais d’assurances et d’entretiens immobiliers. De son côté, M. Welch était prêt à accepter une hausse de 25%, soit 2500 $ mensuellement au total.
Le nouveau contrat, qui s’avère raisonnable pour la boutique, permettra donc à la librairie de la rue Saint-Viateur de poursuivre ses activités pendant 24 mois additionnels avant de fermer ses portes pour de bon. Sans cette entente, M. Welch ne comptait pas ouvrir une nouvelle librairie à un autre emplacement, estimant qu’il était trop âgé pour recommencer à zéro.
Bon signe
Cette nouvelle est synonyme d’espoir pour le Mile-End, mais aussi «pour tous les propriétaires commerçants qui font face à des augmentations de loyer injustifiées», affirme dans un courriel le conseiller de la Ville de Montréal pour le district du Mile-End, Richard Ryan.
Ce dernier applaudit la mobilisation citoyenne pour la sauvegarde de la librairie. Cet effort témoigne de l’importance de préserver la mixité de nos artères» et affiche une «volonté claire de voir les propriétaires davantage connectés aux besoins et réalité d’un quartier, en rendant leurs stratégies d’affaires plus flexibles.»
Ryan et ses collègues du conseil d’arrondissement s’engagent à poursuivre leurs efforts pour soutenir les commerces locaux tout en continuant de travailler avec le Gouvernement du Québec afin de minimiser la spéculation de baux commerciaux et de mettre en place un registre.
Un autre enjeu
En temps de pandémie, il est plus difficile que jamais pour les librairies indépendantes de faire du profit. Alors que plusieurs personnes commandent des livres en ligne, les frais de livraison coûtent très cher aux commerçants. Il devient donc pratiquement impossible pour eux de tenir tête à un géant comme Amazon, qui peut se permettre de vendre des bouquins à perte puisqu’il offre une panoplie d’autres produits, soutient le directeur général de la coopérative Les Librairies indépendantes du Québec (LIQ), Jean-Benoît Dumais.
«Tout comme pour les restaurateurs, les frais de livraison ne nous avantagent pas du tout. Ils sont d’environ 15%. Les libraires doivent tout de même vendre les livres aux mêmes prix et la marge bénéficiaire est bien moindre», convient-il.
Dans le but de rendre la vie plus facile aux librairies indépendantes, les internautes peuvent continuer de magasiner en ligne s’ils préfèrent cette option, mais en optant pour la cueillette en personne plutôt que la livraison, suggère M. Dumais.
Le propriétaire de Shiller Lavy n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.