Depuis plus de dix ans, l’artiste visuelle Jessica Houston voyage dans les pôles Nord et Sud afin de créer des œuvres qui abordent la trace de l’Humain et les impacts sociaux et environnementaux qui en résultent. Le Musée des beaux-arts de Montréal accueillera son travail jusqu’au 22 février dans le cadre de l’exposition de groupe Écologies Ode à notre planète.
Son studio situé au 5445 rue de Gaspé regorge d’objets et d’œuvres artistiques. Un y retrouve des photos, tableaux, esquisses, documents d’archives et autres objets pour le moins surprenants. Elle a accepté de répondre aux questions de Métro pour parler de son engagement artistique social et environnemental.
La photographe et dessinatrice d’origine new-yorkaise a fait sa première excursion au pôle Nord en 2008. D’autres artistes, des scientifiques et une vingtaine d’étudiants sont venus de plusieurs pays du monde pour l’accompagner dans ce périple. Le but du voyage étant de trouver une réponse culturelle aux changements climatiques.
C’est la première fois que j’ai ressenti ce sentiment de responsabilité.
Jessica Houston
Des œuvres sur l’environnement et les communautés
Ses différents projets abordent plusieurs facettes des problématiques dans les pôles. Elle aborde l’impact que cela a sur les communautés locales, premières victimes de la crise climatique. En 2009, elle rencontre la communauté inuite Baie Resolute, Qausuittuq. Cela lui a permis de recueillir des témoignages de plusieurs membres sur leur relation avec le jour et la nuit. Les enregistrements audios se font entendre sur un timelapse de 24 h d’un paysage nordique dans lequel il fait toujours jour. Avec cette œuvre, Jessica Houston aborde aussi l’histoire de la communauté. En effet, entre 1935 et 1955 elle a connu de multiples relocalisations vers le Nord, par le Canada.
Les projets les plus connus de l’artiste sont Horizon Felt South (l’horizon ressenti au Sud) et Horizon Felt North (l’horizon ressenti au Nord). Certaines photos de ces projets sont présentées au Musée des beaux-arts.
On y retrouve des photographies de paysages des pôles Nord et Sud. Dans ces photos, l’artiste a caché une partie de l’image avec un cache coloré posé devant l’objectif.
« L’idée est d’explorer la question de la vision lointaine, d’un point de vue philosophique, mais aussi physique en bloquant une partie de la vue. […] C’est un questionnement sur comment nos actions affectent le futur. ». Elle ajoute que son travail invite à l’interprétation de chaque spectateur.
De nombreuses collaborations
Jessica Houston encourage dans ses œuvres la collaboration entre les citoyens, et une mise en perspective sur ce qui est visible ou non des changements climatiques.
Avec le projet de 2019, Letters to the future (lettres pour le futur) , elle a invité plusieurs personnalités engagées pour le climat. C’est le cas de la poète Anne Michaels ou le ministre Steven Guilbeault. Ils ont pu écrire des lettres qui ne seront lues que dans 1000 ans. Par la suite, les lettres ont été placées dans une capsule qui a été plongée dans la glace de l’Antarctique, et qui devrait rejaillir en 3019. Ici, l’artiste aborde les questions de temps et, encore une fois, la vision à long terme que nous devrions avoir de notre Terre.
La galerie montréalaise Art Mûr accueillera prochainement de nouvelles œuvres de l’artiste.