Mercier-Hochelaga-Maisonneuve

Plus de 3000 vies changées en 35 ans

Grâce à son atelier d’ébénisterie, l’organisme Le Boulot vers a accompagné plus de 3500 jeunes vers le marché de l’emploi ou un retour aux études depuis son ouverture en 1983. Attachée à Hochelaga-Maisonneuve, cette ressource continue de nourrir de belles ambitions pour son quartier.

Derrière les machines de l’usine, Loïc semble très à son aise. Pourtant, il y a moins de deux mois, ce jeune homme de 19 ans ne connaissait rien à l’ébénisterie.

«Ce qui me plaît le plus, c’est de voir le résultat. Quand tu vois ton meuble fini, tu repenses à toutes les étapes pour le faire. C’est valorisant», explique-t-il.

En décrochage scolaire et sans expérience professionnelle, Loïc a choisi de s’adresser à l’organisme Le Boulot Vers… (LBV) pour se relancer. Il y bénéficie d’un stage rémunéré de six mois durant lequel il apprend à fabriquer des meubles, mais suit aussi des formations à la vie citoyenne et profite d’un suivi individualisé pour identifier ses projets pour la suite.

«Avant je ne savais pas ce que je voulais faire. Ça m’a remis sur la bonne voie, je veux retourner à l’école, finir mon secondaire et faire mon DEP. L’ébénisterie, c’est ce que je veux pour mon futur», ajoute le jeune homme.

Comme Loïc, une centaine de jeunes passe chaque année par les locaux de l’organisme de Hochelaga-Maisonneuve pour reprendre leurs vies en mains. Tous ne vont pas s’orienter vers l’ébénisterie, certains travaillent d’ailleurs dans les bureaux de LBV plutôt qu’à l’usine, mais la majorité d’entre eux y apprennent l’importance d’avoir un but chaque matin.

«L’ébénisterie est un beau prétexte. Quand tout ce que tu as entendu dans ta vie c’est que c’était mauvais, à partir du moment où tu es valorisé, que le patron te dit que c’est beau, ça te redonne confiance. On les aide à prendre conscience de leur rôle de citoyen et à voir comment le travail va avoir un sens», détaille Jeanne Doré la directrice générale de LBV.

Gérant de l’atelier, Gérald Tremblay accompagne les stagiaires au quotidien et il corrobore les propos de Mme Doré.

«Ils changent physiquement. En arrivant, c’est souvent le dos courbé et la capuche sur la tête et ils ressortent d’ici la tête haute prêts à travailler ou à retourner à l’école», témoigne ce formateur.

Organisme du quartier
Ouvert depuis 35 ans, l’organisme a déménagé trois fois, mais est toujours resté dans Hochelaga-Maisonneuve.

«Je me demande si Le Boulot vers… aurait pu être ailleurs. C’est le long du fleuve qu’il y avait les anciennes industries. On est né de cette idée qu’il y avait des jeunes qui n’avaient pas de travail dans une zone de Montréal où il y avait eu de l’abondance. On a voulu répondre à ça», raconte Jeanne Doré.

Si LBV n’est jamais sorti du quartier, sa réalité a évolué et l’organisme a dû s’adapter pour répondre aux besoins de cette jeunesse désoeuvrée.

«On a assisté à une détérioration des conditions de vie des jeunes. Plus on a avancé dans le temps et plus les problématiques étaient lourdes et multiples. La force de l’organisme a été d’adapter l’offre de services», poursuit Mme Doré.

Ainsi, des cours pour apprendre à apprendre sont notamment dispensés depuis une dizaine d’années et il y a de plus en plus d’intervenants dans différents domaines afin de diversifier l’approche.

Le prochain défi de l’organisme est un nouveau déménagement dans le sud-est du quartier Hochelaga, sur le terrain d’une ancienne tonnellerie. Le bâtiment de LBV devrait être inauguré en 2019 ou 2020.

«À 35 ans, il est temps d’être propriétaire. On va dans la zone la plus pauvre du quartier, mais c’est notre rêve, parce que c’est notre place», se réjouit Jeanne Doré.

35 portraits des 35 ans

Pour célébrer son anniversaire, Le Boulot vers… a décidé de mettre en avant ses bons coups du passé. Grâce à un travail réalisé durant l’été dernier, l’organisme a retrouvé la trace de 300 de ces anciens stagiaires et a décidé de mettre en avant 35 portraits de jeunes, de formateurs ou de bénévoles qui ont marqué LBV depuis sa création. Un nouveau portrait est mis en ligne chaque semaine sur la page Facebook et sur le site internet de l’organisme.

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