Sommeil perturbé, bruit incessant et stress amplifié, des résidents de la rue Davidson, dans Hochelaga-Maisonneuve, implorent la Ville de réparer la chaussée, alors que leurs maisons tremblent jour et nuit au passage d’autobus et de poids lourds.
«C’est infernal ce qu’on vit, affirme Nicole Pelletier. Chaque fois qu’un autobus passe dans la rue, on ressent une secousse.»
Depuis quelques années, Mme Pelletier et ses voisins voient la chaussée de leur rue se dégrader. Située à proximité de la station de métro Joliette, le rue Davidson sert de transit pour plusieurs autobus de la Société de transport de Montréal (STM).
«C’est pire depuis quelque temps, avoue la femme. Il y a tellement de fissures et de nids-de-poule profonds que chaque fois qu’un autobus y passe, cela crée un bruit et un tremblement insoutenables. Plus il y a de gens dans l’autobus, pire c’est. Plus l’autobus roule vite, pire c’est.»
Exaspérés par la situation, Mme Pelletier et trois autres propriétaires de la même rue demandent à l’arrondissement et la Ville de les aider à améliorer leur qualité de vie.
«On ne peut plus vivre comme ça, affirme le citoyen François Lahaise. Les vibrations me réveillent souvent et comme j’habite au deuxième étage, elles sont encore plus fortes. C’est pire quand on est en hauteur.»
De passage aux résidences des citoyens impliqués, TC Media a pu constater le passage d’une vingtaine d’autobus en moins d’une heure. Des tremblements ont donc pu être ressentis.
«C’est comme cela toute la semaine, continue M. Lahaise. C’est rendu que ça m’obsède. Chaque fois que j’entends du bruit, je vais à la fenêtre pour voir qu’est-ce que c’est.»
Les résidents craignent une dépréciation de leurs demeures.
«Ce n’est pas évident de vendre une maison quand le sol et les murs tremblent à ce point-là», soulignent-ils.
Réparations demandées
Pour remédier au problème, les résidents d’Hochelaga demandent à l’arrondissement et à la Ville de procéder à une réparation en profondeur de la chaussée.
«Au minimum, il faudrait que notre rue devienne prioritaire pour le colmatage de nids-de-poule, vu le passage incessant d’autobus, affirme François Lahaise. Mais c’est clair que des travaux de reconstruction en profondeur seraient de mise.»
Comme la vitesse des véhicules qui passent influe sur l’amplitude des vibrations et du bruit ressentis, les citoyens souhaiteraient que la limite de vitesse soit abaissée à 30km/h.
«Je crois que ce sont des demandes raisonnables, souligne Philippe Garnier, copropriétaire d’une résidence du secteur. Pour l’installation d’un panneau de vitesse, notamment, les coûts sont minimes.»
Pas pour bientôt
Le maire de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Pierre Lessard-Blais, a laissé savoir que comme la rue est artérielle, elle est sous la responsabilité de la ville-centre.
«On va quand même voir ce qu’on peut faire en attendant des travaux plus importants», a-t-il mentionné.
Du côté de la Ville, on affirme qu’il n’y a pas de travaux prévus pour l’instant sur Davidson, à l’exception de la réparation habituelle de nids-de-poule.
«La réfection complète se fera donc au mieux l’an prochain», dit-on.
Des fissures provoquées par les vibrations?
Convaincus qu’elles sont causées par les vibrations, les résidents de la rue Davidson dénoncent également l’apparition de fissures sur les murs de leur demeure.
Anne-Chantal Roy et son conjoint, Philippe Garnier, ont fait fixer 11 pieux au solage de leur maison, en 2011.
«Pendant des années, tout était parfait, décrit la femme. Par contre, depuis quelque temps, je suis convaincue que les vibrations quasi constantes ont causé des fissures à notre maison.»
Au deuxième étage, plus particulièrement, de nombreuses craquelures sont visibles autour des cadres des portes et près des fenêtres.
«Plus l’état de la chaussée se détériore, plus le nombre de fissures augmente», ajoute M. Garnier.
«Nous sommes inquiets. Nous avons investi beaucoup d’énergie, de temps et d’argent à l’entretien de notre propriété. Nous craignons une dévaluation injustifiée de notre maison», continue Mme Roy.
Nicole Pelletier, qui habite la maison voisine, vit le même problème.
«C’est certain qu’on ne peut pas prouver hors de tout doute que c’est relié, mais entre vous et moi, c’est un drôle de hasard», indique la dame, qui habite sa résidence depuis près de 20 ans.
Peu de chances
Selon le ministère des Transports, les vibrations sont rarement assez fortes pour être directement à l’origine de ce genre de dommages.
Une étude effectuée par l’Institut de recherche en construction du Canada va dans le même sens.
«Même s’ils peuvent contribuer au processus de dégradation attribuable à d’autres causes, les niveaux de vibration sont rarement assez élevés pour être directement à l’origine de ces dommages», peut-on lire dans l’étude.
Un mouvement inégal du sol, des changements de température, un manque d’entretien ou des travaux de rénovation peuvent davantage en être les principaux responsables.
«Les faibles niveaux de vibration produits par la circulation routière peuvent toutefois s’ajouter aux déformations résiduelles pour déclencher les dommages», explique-t-on.
Il est aussi possible d’y lire qu’il peut être difficile et coûteux de réduire les vibrations à un niveau acceptable.
«Dans le cas de bâtiments existants, la mesure correctrice la plus pratique est l’entretien des routes», est-il souligné.