Le ministère de la Culture et des Communications (MCC) n’a pas l’intention de s’opposer aux travaux d’agrandissement de la bibliothèque Maisonneuve, malgré l’avis d’intention de classement pour le site patrimonial de Maisonneuve annoncé par la ministre Nathalie Roy à la fin mars.
Cet avis faisait suite à l’adoption de la loi 69 obligeant toutes les municipalités du Québec de se doter d’un règlement sur l’occupation et l’entretien des bâtiments patrimoniaux, afin de contrer le phénomène des «démolitions par abandon».
«Les travaux effectués à la bibliothèque Maisonneuve respectent le nouveau statut du bâtiment, a indiqué à Métro l’équipe des relations médias du MCC. Ces travaux, auxquels le Ministère contribue financièrement, sont respectueux de l’intérêt patrimonial de la bibliothèque de Maisonneuve».
Cette contribution financière est faite via l’Entente de développement culturel conclue avec la Ville de Montréal.
Le membre fondateur de Patrimoine Homa, Denis Côté, est très déçu de cette nouvelle.
Il y a deux semaines, Jean Kerzérho et lui ont envoyé une lettre à Nathalie Roy, réclamant l’arrêt des travaux d’agrandissement de la bibliothèque Maisonneuve.
Ces deux citoyens d’Hochelaga-Maisonneuve avaient déposé en 2018 une demande de classement du bâtiment au Registre du patrimoine culturel en espérant qu’une acceptation remettrait en question le projet actuel, un espoir contredit par la réponse du MCC.
«L’avis d’intention de classement du site patrimonial de Maisonneuve n’a pas comme objectif d’empêcher la réalisation du projet de réhabilitation et d’agrandissement de la bibliothèque Maisonneuve, affirme le MCC. Ce projet a fait l’objet d’un concours public d’architecture et il est respectueux de la valeur patrimoniale de l’immeuble.»
Dans leur lettre, Patrimoine Homa demandait que la construction «soit abandonnée, ou grandement restreinte, puisqu’en plus d’ériger d’invasives annexes latérales d’un style diamétralement opposé à celui de l’ancien hôtel de ville, il empiète sur le terrain qui, logiquement, sera classé lui aussi».
Les signataires ajoutaient qu’il «est primordial qu’au moins la façade et le terrain ouest du bâtiment soient remis à leur état originel. […] On pourrait même y reconstituer la jolie fontaine de 1912 (retirée vers 1935).»
Malgré la réponse négative à leur demande, M. Côté a l’intention d’aller faire une représentation auprès du Conseil du patrimoine culturel du Québec.
Une nouvelle validation
Interrogée par Métro, la Ville de Montréal a indiqué qu’avec ce nouveau classement, «certaines étapes de validation devaient par conséquent être effectuées».
Le projet de la bibliothèque Maisonneuve a été présenté au Conseil du patrimoine de Montréal (CPM), le 15 avril dernier. Le CPM a émis un avis favorable, tout en faisant une dizaine de recommandations, telles que s’assurer «la conservation des anciens murets de pierre», «envisager un plus grand recul des nouveaux volumes par rapport au bâtiment existant pour favoriser sa mise en valeur» et «réfléchir à la pertinence de réaliser un toit-terrasse».
Le conseil municipal a voté par la suite pour le maintien des travaux de rénovation et d’agrandissement de la bibliothèque Maisonneuve lors de sa séance régulière du mois d’avril.
Invité à réagir par Métro, le maire de l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Pierre Lessard-Blais se réjouit que le CPM ait réitéré son avis favorable au projet de réhabilitation et d’agrandissement de la bibliothèque Maisonneuve. Ce projet est très attendu selon lui, puisqu’il permettra «de tripler l’espace de ce lieu de culture, de découvertes et d’échanges, pour répondre aux besoins de la population d’Hochelaga-Maisonneuve.»
Le bâtiment abritant la bibliothèque Maisonneuve depuis 1981, a été occupé par l’Institut du radium de 1926 à 1967. À l’origine, il fut construit pour accueillir l’hôtel de ville de la Cité de Maisonneuve, fondée en 1883 et annexée à la ville de Montréal en 1918.