Il faudra attendre une dizaine, une quinzaine, voire une vingtaine d’années avant que l’est de Montréal soit entièrement développé. C’est ce qu’a expliqué ce matin la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, lors de la 17e édition du Forum sur les grands projets de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).
Dans l’est de la métropole, des terrains totalisant de sept à huit millions de pieds carrés sont disponibles pour des développements. Mais plusieurs enjeux persistent, dont leur décontamination.
«Est-ce qu’un développeur s’en va là ne sachant pas ce qui va arriver avec ça et tout le fardeau de décontamination qui vient avec ça?», se demande la ministre Duranceau. Celle-ci veut donner plus de prévisibilité aux promoteurs face aux délais ralentissant la création de nouvelles unités. «J’en peux plus comment c’est long, tout est long», a-t-elle avoué.
Et pourtant, la ministre de l’Habitation a été plus évasive sur les échéanciers qui poseront les bases du développement de l’est de la métropole.
«Ça ne se fera pas non plus, je pense, dans mon mandat de développer l’entièreté [du secteur]», a-t-elle expliqué. «J’espère que, dans les prochains mois ou années à l’intérieur du mandat, on pourra avoir une idée claire de ce qui peut être fait à cet endroit-là», a-t-elle ajouté.
La mairesse de Montréal-Est, Anne St-Laurent, se réjouit de l’importance accordée par les gouvernements à Montréal-Est, mais ne fait pas le même constat que la ministre Duranceau quant à la superficie des terrains à développer et les échéanciers proposés.
«J’ai 23 millions de pieds carrés à développer à Montréal-Est, explique Anne St-Laurent. Ce n’est pas 10, 20 ans; c’est sûr que ça va être long avant de commencer, on parle des infrastructures et de plein de choses, donc ça va être long avant de commencer, mais au moins la direction va être lancée et on saura où on va se rendre.»
Vision pour l’avenir
Avec sa vision 2050, Montréal-Est prévoit un changement dans l’Est dès cette année. La vision 2050 de la municipalité vise notamment le développement de parcs écoénergétiques, comme le parc industriel 40NetZéro. Anne St-Laurent mentionne aussi le développement des anciens terrains de Shell au Groupe C. Laganière sur une superficie de 2,5 millions de pieds carrés.
«Dans dix ans, les terrains de Laganière auront fini d’être bâtis, car ils seront tous décontaminés, explique Anne St-Laurent. Les autres terrains vont bouger plus vite. Dès qu’on va parler d’infrastructures, ça va y aller.»
La vision de la mairesse Valérie Plante diffère aussi de celle de la ministre Duranceau. Montréal a déjà amorcé des projets pour le développement de ce secteur.
«On a déjà mis plein de morceaux en place», a expliqué Valérie Plante. Elle reconnaît que la décontamination des sols peut allonger les délais et demande aussi une «remise à niveau» des financements de Québec pour les travaux majeurs en matière de réaménagement qui viennent accélérer le développement de Montréal-Est.
En accord
De son côté, le président-directeur général de la CCMM, Michel Leblanc, considère que les délais avancés par la ministre ne sont «pas du tout exagérés» face à un territoire «tellement vaste». Selon lui, le plan de match pour l’habitation que devrait proposer la ministre Duranceau d’ici la fin de son mandat ne peut se faire tant que le dossier du transport collectif dans le secteur n’aura pas avancé.
«Le plan de développement de l’est de l’île en amont d’un plan de REM de l’Est, c’est un exercice qui sera à refaire, dit-il. Le plan va pouvoir se faire que quand on aura une idée très claire que le projet du REM de l’Est va de l’avant avec ses stations et son trajet.»
Questionnée sur les enjeux qui freinent le développement de l’est de la métropole, la ministre Duranceau a reconnu que les coûts de décontamination des terrains font partie de la liste des défis. Un constat que partage le directeur général de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), Massimo Iezzoni.
«Pour le plan de l’Est, c’est important que ça se développe, mais c’est tout le dossier de la décontamination, dit-il. Personne n’en parle, mais l’enjeu, c’est la décontamination.»