Les organismes jeunesse de Montréal-Nord sont ébranlés depuis l’annonce des accusations qui pèsent sur Denis Désiré. Le proxénète présumé avait cofondé un organisme de prévention de la délinquance et était responsable de la sécurité à l’école secondaire Calixa-Lavallée.
«Pour les jeunes qui le connaissent, ça fait comme un coup de massue. Ils lui ont fait confiance et ils n’en reviennent pas», constate amèrement Sheilla Fortuné, directrice de la maison des jeunes l’Ouverture. Depuis la publication par le SPVM d’un appel au témoignage de victimes potentielles de M. Désiré, la responsable de l’organisme a échangé avec plusieurs jeunes qui avaient bénéficié des conseils de cet homme impliqué dans le milieu communautaire de l’arrondissement.
«Ce n’est pas sans conséquence parce que même s’il y a beaucoup de travail positif qui est fait, veut, veut pas, ça reste dans les têtes», estime-t-elle. «C’est quelqu‘un qui avait développé un lien de confiance avec beaucoup de jeunes, donc c’est sûr que cela un impact», confie aussi un représentant d’un organisme de Montréal-Nord qui préfère garder l’anonymat.
Accusé de proxénétisme, Denis Désiré a aussi comparu pour avantage matériel provenant de la prestation de services sexuels, publicité de services sexuels, voies de fait, extorsion, menaces et bris de conditions. Il a été remis en liberté sous conditions pendant que l’enquête se poursuit. Au-delà de la jeunesse nord-montréalaise, les adultes et le milieu communautaire sont aussi marqués par cette affaire.
«Il n’y a pas encore eu de procès, donc il faut attendre avant de se prononcer, mais il y a beaucoup de colère, d’incompréhension et de questionnement dans la communauté», constate Sophie Laquerre, codirectrice du centre des jeunes L’Escale.
L’image du quartier
Ce que déplorent d’autant plus ces acteurs du milieu communautaire, c’est que malgré tous leurs efforts pour mettre en valeur Montréal-Nord, l’arrondissement fait de nouveau les manchettes pour une histoire sombre.
«Pour l’image de Montréal-Nord, c’est décevant, triste et dommage. Cela démontre tout le travail qu’il y a encore à faire pour changer les choses», souligne Mme Laquerre.
Selon Pierre-Richard Simon, directeur général d’Horizon Jeunesse, cette affaire est préjudiciable pour la mission des organismes. «Je trouve cela regrettable, une situation comme cela peut détruire un travail de longue haleine. Cela peut ternir l’image de Montréal-Nord, alors qu’il y a une mobilisation, une conscientisation et des bons coups qui ont été réalisés», déplore-t-il.
La directrice de la maison des jeunes l’Ouverture invite d’ailleurs à éviter tout amalgame entre la réputation du quartier et ces accusations. «Dans toutes les sociétés, il y a des gens qui font des choses mauvaises, mais ça ne doit pas discréditer le travail des autres. C’est entre les mains de la justice, je lui fais confiance pour faire la lumière sur cette affaire et on espère que c’est un cas isolé», lance Sheilla Fortuné.
Contacté par le Guide de Montréal-Nord, Franklin Brismar, qui a cofondé l’organisme Evolu Jeunes 19-30 ans avec Denis Désiré, a refusé de répondre à nos questions. Il a toutefois indiqué au Journal de Montréal que ces accusations n’avaient «rien à voir» avec son organisme. La Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île a de son côté pris des mesures administratives à l’encontre de son employé, mais ne tient pas non plus à commenter ce dossier.
Toute personne qui aurait été victime ou qui connait quelqu’un ayant pu être victime de Denis Désiré est invitée à se rendre au poste de police de son quartier, à communiquer avec Info-Crime Montréal au 514 393-1133 ou en ligne ou avec le 911 afin de déposer une plainte officielle.