Ahuntsic-Cartierville

Decrypto: un éditeur de jeux québécois à l’assaut du monde

Avec Decrypto, l’éditeur de jeux de société Scorpion Masqué confirme son succès international. Fondée par Christian Lemay, un résident de Montréal-Nord, cette entreprise qui va s’installer dans Ahuntsic s’impose de plus en plus sur ce marché en pleine croissance.

Hormis en Afrique, les jeux de cet éditeur québécois se distribuent déjà partout sur la planète. Pour le dernier venu de la galaxie ludique Scorpion Masqué, intitulé Decrypto, des versions sont déjà prévues pour vingt-sept pays, de l’Europe occidentale à l’Asie du Sud-est.

«C’est vraiment un tournant pour nous. C’est notre trentième jeu, je ne suis pas l’auteur, mais on l’a beaucoup réfléchi ensemble. On croit beaucoup en ce jeu qu’on veut développer à l’international», explique Christian Lemay.

S’il a désormais les yeux rivés sur le monde, le fondateur de cette entreprise est pourtant parti de rien. En septembre 2006, ce titulaire d’une maîtrise de poésie était professeur de littérature en Cégep lorsqu’il a décidé de se consacrer à sa passion.

«Je voulais vivre des jeux de société. Éditeur c’était le métier qui me permettait de le faire à temps partiel, sans frais fixes, depuis le sous-sol de chez nous et je pouvais débrancher la prise facilement», se souvient M. Lemay.

Mais ce passionné n’a jamais débranché la prise. Il a connu le succès dès son premier essai avec J’te gage que. En 2008, deux autres jeux ont permis de poursuivre l’aventure, puis trois nouveaux en 2009 et ainsi de suite jusqu’au trentième dévoilé en février. Malgré lui, Christian Lemay a même réussi à créer une identité pour Scorpion Masqué. La grande majorité de ses jeux sont simples et s’expliquent rapidement.

«Je joue à tout, que ce soit niaiseux ou des gros jeux de stratégie, mais comme je n’avais aucune connaissance du milieu des affaires, je savais que j’allais faire des erreurs. J’ai donc décidé de faire simple pour minimiser ces erreurs. J’ai eu beaucoup de succès avec ça et c’est devenu l’image de marque», raconte-t-il.

S’il analyse son succès par une empathie qui lui permet de se projeter et d’anticiper ce que les joueurs vont apprécier, ce résident de Montréal-Nord pense aussi que la réussite de sa maison d’édition découle de son audace.

«On essaye de surprendre les gens. Je ne dis pas que tout est complètement unique, mais à chaque fois, il y a quelque chose qui apporte de l’originalité et de la surprise», estime l’éditeur.

Un marché florissant
Lorsqu’il se replonge douze ans en arrière, Christian Lemay confie aussi que les «astres se sont alignés» pour accomplir son rêve.

«J’ai commencé à sortir avec ma blonde en 2005 et à l’époque, c’est tout juste si je ne lui cachais pas ma passion. C’était vraiment pas cool. Dix ans plus tard, tu as les Randolph, le Colonel Moutarde [des bars à jeux] et ce sont les meilleurs endroits où emmener une fille. Il y a eu un revirement de la perception des jeux de société. C’est devenu cool et tendance», analyse-t-il.

Au-delà du Québec, cette tendance se vérifie aussi à l’international. Ce secteur est l’un des seuls de l’univers des jouets à être encore en croissance et certains marchés fleurissent, comme en France, où le nombre de nouveaux jeux lancés par an a presque doublé en quinze ans.

Face à cette croissance, Scorpion Masqué s’agrandit et compte désormais quatre employés, dont deux recrutés le mois dernier. La maison d’édition va donc quitter pour la première fois le sous-sol du domicile de son fondateur pour s’installer dans des locaux sur la rue Fleury dans Ahuntsic. Les projets ne manquent pas, car cinq sorties sont déjà prévues pour 2019.

Éditeur et créateur

Le monde de l’édition de jeux de société fonctionne de la même manière que celui de l’édition littéraire. «L’auteur contacte l’éditeur qui envoie un manuscrit puis un prototype. Si le jeu nous intéresse, on choisit le titre, le format de la boîte et l’illustration. Mon travail c’est quatre mots : choisir, développer, fabriquer, vendre», explique Christian Lemay.

Le fondateur de Scorpion Masqué est toutefois aussi un créateur puisqu’il a inventé sept des trente jeux édités par son entreprise en douze ans. En 2006, son premier succès avec J’te gage que était d’ailleurs le fruit de son imagination.

Articles récents du même sujet

Exit mobile version