Cela fait des années que l’organisme Café-jeunesse multiculturel fait du travail de rue auprès de jeunes près de la rue Lapierre pour améliorer leur sort et apaiser les tensions avec le voisinage. Devant l’ampleur de la tâche, il a décidé il y a quelques mois de louer un local au cœur du secteur pour se donner un coup de main. Selon plusieurs, cette initiative porte déjà ses fruits.
Ce nouvel espace, situé au coin des rues Pascal et Lapierre, abrite le projet « incubateur d’initiatives citoyennes ». Il est l’aboutissement d’un long processus de thérapie sociale qui a visé à rapprocher les jeunes et les résidents du secteur, afin d’éliminer les tensions.
«On a mis des jeunes du quartier avec des résidents qui n’étaient pas forcément copains pour qu’on puisse se dire tout ce qui ne fonctionne pas», explique le coordonnateur de Café-jeunesse multiculturel, Slim Hammami.
Ces simples conversations ont permis de régler de nombreux problèmes, selon Roberson Berlus, travailleur de rue à Montréal-Nord depuis une quinzaine d’années.
«Il y a beaucoup de peurs qui à la base, ne sont que des préjugés ou des malentendus, observe-t-il. Quand les gens se parlent, quand les gens se connaissent, 90% des problèmes tombent. On pense que le jeune est méchant, mais en fin de compte, c’est juste sa manière de parler, par exemple.»
Le local est ouvert depuis la fin du mois de mai 2019.
Des changements perceptibles
Michèle Coutu est voisine de la rue Pascal. Elle n’en pouvait plus de ne pas se sentir en sécurité chez elle. «Je commençais à penser que mes nerfs en prenaient une claque d’entendre des pétards et d’avoir les policiers régulièrement autour, confie-t-elle. Ça commençait à être épeurant.»
Elle affirme que, depuis l’ouverture du local, les choses ont changé. «On peut s’asseoir sur le balcon sans se demander ce qui va se passer», dit-elle. Elle vient maintenant au local de façon hebdomadaire. «Ce qui m’a intéressé, c’est d’être capable de communiquer avec les jeunes et de leur dire comment on se sent», souligne-t-elle.
«Ça fait un grand changement, ça fait du bien, constate James, 36 ans, qui fréquente le lieu. Il y a des jeunes qui traînaient et ça leur donne des choses à faire. Du négatif, il y en a partout, et cet endroit a sorti un peu de négativité.»
«C’est parfait pour les jeunes, pense David, 26 ans. Les intervenants sont là pour nous. J’ai fait mon CV ici. C’est le fun, on écoute nos matchs, on joue sur la table de pool.»
Ressources
Les intervenants de l’incubateur d’initiatives citoyennes se soucient également de l’avenir à long terme de ces jeunes. «Ils passent du temps ici pour pas errer dans la rue, mais notre but c’est de leur donner des services comme faire des CV ou remplir des papiers d’immigration par exemple, explique le chargé de projet, Benjamin Aim. On leur offre des services plus spécialisés avec des partenaires.»
Pour M. Aim, la meilleure façon de motiver ces jeunes pour qu’ils trouvent une stabilité est de leur donner des exemples de réussite. «On pense que ça fait boule de neige et qu’ils vont se dire pourquoi lui, mais pas moi, mentionne-t-il. C’est un travail difficile, mais d’approche motivationnelle pour tous les jours.»