Afin de faire la lumière sur des allégations de discrimination raciale faites par des cols bleus, l’arrondissement de Montréal-Nord a lancé une enquête à laquelle participeront la Ville de Montréal et le syndicat.
Cette démarche a été initiée par l’arrondissement en réaction à des dénonciations publiées en début janvier sur les réseaux sociaux et dans plusieurs médias.
Celles-ci ont d’abord été diffusées par un col bleu par le biais d’une page Facebook maintenant fermée. L’arrondissement a par la suite suspendu l’employé pour son manque de loyauté envers l’employeur.
Des employés ont notamment déploré qu’un examen de conduite véhiculaire aurait été soumis à des employés et que plusieurs employés noirs l’auraient échoué.
Ces allégations ont fait l’objet de reportages par TVA Nouvelles et le média communautaire québécois-haïtien Intexto.
Au moment de la mise en ligne, le Syndicat des Cols bleus regroupés de Montréal (SCFP-301) n’avait pas donné suite à notre demande d’entrevue.
Toutefois, dans un communiqué, il affirmé «prendre au sérieux les doléances de certains employés de l’arrondissement de Montréal-Nord».
«C’est un souhait commun qu’on a d’aller au fond des choses», mentionne la mairesse de Montréal-Nord, Christine Black.
L’arrondissement, la Ville et les cols bleus mettront en place un «mécanisme d’enquête parallèle et collaborative pour étudier les prétentions soulevées par ces employés.»
La partie syndicale a choisi de nommer comme enquêteur indépendant le professeur au Département d’organisation et ressources humaines de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, Angelo Soares.
Du côté municipal, c’est le contrôleur général de la Ville qui désignera un enquêteur qui sera accompagné par un expert en droits de la personne et en discrimination raciale.
«Quelques mois» seront nécessaires au déroulement de l’enquête, indique l’arrondissement.
Changement de position?
Dans une entrevue accordée à TVA Nouvelles, la conseillère de ville Chantal Rossi, qui assumait alors les fonctions de mairesse suppléante de Montréal-Nord, avait affirmé que «la fierté de Montréal-Nord, c’est sa diversité.» et était convaincue qu’un employé noir ne pouvait être traité différemment.
Cette réaction a outré le militant et documentariste Will Prosper.
«C’est vraiment dangereux comme propos. Ça fait en sorte que les employés n’iront pas porter plainte s’ils subissent de la discrimination parce qu’ils vont se dire que même leur employeur nie que ça existe.» -Will Prosper
M. Prosper se dit également inquiet que le «lanceur d’alerte» ait été suspendu pour avoir dénoncé. «Ça aide qui, faire ça? On a quelqu’un qui dit qu’il veut en parler, et on décide de tout balayer sous le tapis».
Questionnée à savoir si l’arrondissement a changé sa position pour aboutir à une enquête depuis l’entrevue de Mme Rossi, Christine Black souligne plutôt l’évolution du dossier. «Ce sont des éléments qui évoluaient dans le temps et pour nous ce n’est pas un changement de cap, au contraire. On était déjà en lien avec le contrôleur général ce qui a finalement abouti à une enquête pour avoir la réelle mesure des choses.»