Si les commerces de détail ont pu bénéficier d’un afflux de clients à leur réouverture, les commerces qui avaient pu rester ouverts pendant la pandémie ont eux aussi vu leur achalandage bondir après le 25 mai.
«Les deux premiers jours, c’était vraiment intense, témoigne René Lavoie, gérant du Long & McQuade sur Pie-IX. Il y a beaucoup de monde qui attendait qu’on rouvre pour venir.»
Le détaillant d’instruments de musique, qui offrait un service de livraison pendant le confinement, n’a pas tout à fait rouvert. Les clients sont uniquement servis à l’extérieur avec un «service au volant» mis au point par l’entreprise dans diverses succursales du grand Montréal.
«Considérant que Montréal-Nord était le quartier le plus chaud au Canada, on ne voulait pas mettre les clients et les employés à risque, dit M. Lavoie. Les gens veulent toucher et essayer les instruments, souligne-t-il. Il y en a plusieurs qui sont très difficiles à décontaminer.»
Le service de location d’instruments se poursuit, mais ceux-ci sont mis en quarantaine pour 5 jours à leur retour et sont désinfectés.
Les clients de retour
Les services essentiels étaient nombreux à poursuivre leurs opérations pendant le confinement. C’est le cas de Serrurier Ouellette, situé sur la rue Monselet. Le propriétaire, Richard Ouellette, pense que la population était mal informée sur les commerces encore ouverts. Il pense que réouverture du 25 mai a toutefois envoyé un message qui a ramené la clientèle dans son commerce.
«Les gens pensaient qu’on était fermé», dit-il.
Ses clients les plus importants étant dans le domaine de la construction, il a trouvé le mois d’avril difficile.
«Ça a été très dur, dit-il. Je ne comprends pas comment les restaurants peuvent survivre pendant des mois.»
Retrouver une certaine normalité
Pour le directeur général de la CDEC de Montréal-Nord, Jean-François Gosselin, la réouverture des commerces fera un grand bien aux commerçants de détails qui pourront retrouver certains revenus, mais aussi à l’économie locale. «Ça permet de faire des ventes et d’embaucher certains employés, dit-il. Si les gens veulent encourager ces commerces-là, c’est le meilleur moment pour le faire.»
Il ne se le cache toutefois pas, l’expérience des consommateurs n’est plus la même lorsqu’on magasine en personne.
«Quand on sort de chez soi, on n’est pas dans une optique de faire du magasinage et de faire quatre ou cinq boutiques. On veut acheter telle chose à tel endroit. Le fait d’être obligé de faire un parcours dans le magasin, de garder une distance de deux mètres – on demande aux gens de ne pas toucher les produits -, c’est sûr que ça vient altérer l’expérience de consommation.»
M. Gosselin et son équipe travaillent toutefois à trouver des solutions pour que les consommateurs puissent magasiner à distance dans des commerces locaux. Un projet de vitrine sur le web est envisagé pour permettre au client de faire le tour du magasin sans y être physiquement.