Des restaurateurs de Montréal-Nord sont déçus d’être visés par de nouvelles mesures sanitaires, même si certains d’entre eux avaient prévu le coup.
«Je trouve ça plate. Ce n’est pas nous autres le problème, mais c’est nous qui devons payer pour», réagit Dung Tran, propriétaire de Pho Nho, un restaurant de la rue de Charleroi.
Au début de la pandémie, M. Tran avait décidé de fermer son restaurant. Ce n’est qu’au début du mois de septembre qu’il l’a rouvert avec une salle à manger adaptée aux mesures sanitaires, avec 20 places au lieu de 40.
Cela n’aura été que de courte durée. Le niveau d’alerte rouge décrété par le gouvernement oblige tous les restaurants à fermer leur salle à manger pour 28 jours.
«C’est tout à recommencer. Depuis l’ouverture, on n’a pas beaucoup de commandes en livraison. On n’a aucune idée de comment ça va être. On va voir si on s’en va vers la faillite ou non.» -Dung Tran, propriétaire du restaurant Pho Nho
Deuxième vague anticipée
Pour d’autres restaurateurs nord-montréalais, rouvrir la salle à manger n’en valait pas la peine.
Le restaurait haïtien Adonaï ne cuisine que des mets au comptoir et à la livraison depuis le mois de mars. Sa propriétaire, Abise Victor, constate que c’était une «bonne décision».
«Ça prendrait beaucoup de sous pour remanier la salle, soutient-elle. J’ai vu qu’il y allait avoir une deuxième vague alors je me suis demandé si ça valait la peine de faire ça.»
La pizzeria Granada a adopté la même stratégie, alors que ses services de livraison et au comptoir ont toujours été populaires. Aucun client n’y a mangé sur place depuis le premier confinement.
«Après mes calculs, je me suis dit que ce n’était pas la fin du monde de rester fermé en dedans», indique le propriétaire, Jimmy Niktaris.
Par empathie pour ses pairs, M. Niktaris est tout de même mécontent de la décision du gouvernement.
«Je me suis senti mal pour les restaurateurs et les bars, vu qu’on dirait qu’ils nous ciblent juste nous autres. C’est très difficile pour beaucoup de restaurants de revenir après ça.»
Soutien réclamé
Pour le directeur de la CDEC de Montréal-Nord, Jean-François Gosselin, Québec doit offrir du soutien aux restaurants du quartier pour les aider à traverser cette nouvelle épreuve.
«C’était déjà difficile pour ces restaurateurs-là. Le fait que la salle à manger soit fermée pour 28 jours risque d’être un coup dur.»
À l’échelle locale, M. Gosselin compte se coordonner avec une cellule de crise qui comprend plusieurs acteurs de Montréal-Nord pour «déterminer quelles actions seront prises».
La CDEC mène actuellement une deuxième campagne pour promouvoir l’achat local par la vente de bons d’achat qui peuvent notamment être dépensés dans plusieurs restaurants de Montréal-Nord.