Les intervenantes de l’Halte-Femme Montréal-Nord sont inquiètes. Devant la flambée de féminicides au Québec, 10 femmes en 10 semaines, elles s’apprêtent à lancer une importante campagne de sensibilisation à la violence conjugale.
Grâce à une contribution de 20 000$ de l’arrondissement, l’organisme mettra en place un plan à trois étapes dans l’intention de sensibiliser les citoyens aux violences conjugales et d’offrir un soutien aux femmes du quartier. Plusieurs d’entre elles ont vu leurs difficultés s’exacerber en temps de pandémie.
«Les femmes ont été doublement confinées, certaines n’avaient plus les moyens de sortir, d’aller chercher de l’aide. Et on voit les résultats aujourd’hui», affirme Sophie Marcil, responsable de la campagne de sensibilisation de l’Halte-Femmes.
L’organisme a remarqué depuis l’été dernier une diminution de ses appels, mettant en évidence cette incapacité qu’avaient certaines femmes à demander de l’aide.
«Elles ont été plus isolées que jamais. Les appels à l’aide sont une option rapidement écartée, parce que monsieur est en télétravail à la maison», confirme Sophie Lemay, directrice générale.
À Montréal-Nord, plus de 7 femmes sur 1000 sont victimes de violence conjugale. C’est pratiquement deux fois plus que dans la Ville de Montréal (3,9 sur 1000), selon un rapport commandé par l’arrondissement datant de 2019. Mais tout indique que ces chiffres ont augmenté au cours de la dernière année.
«Nous sommes vivement préoccupés par le nombre élevé de meurtres commis dans des contextes de violence conjugale au Québec. La situation de la pandémie amplifie le problème et c’est pourquoi nous avons accordé à Halte-Femmes une contribution financière», a déclaré Chantal Rossi, mairesse suppléante de l’arrondissement de Montréal-Nord.
Campagne
La campagne de sensibilisation est divisée en trois étapes et se déploiera au courant de l’été dans un premier temps, et à l’automne par la suite. Elle devrait s’étirer de juin à décembre 2021.
Dans un premier temps, l’Halte-Femmes Montréal-Nord cherchera à outiller et informer les femmes et les enfants qui sont confrontés à la violence conjugale. Pour ce faire, l’organisme aura recours à de la publicité et plusieurs autres outils promotionnels traduits en cinq langues.
«Le message c’est que c’est possible d’aller chercher de l’aide. Il y a des ressources. On s’adresse même pour la population en général, souvent les gens se sentent démunis devant l’ampleur de l’emprise», affirme Sophie Marcil.
Par la suite, l’organisme communautaire espère réinstaurer le programme «commerçants secours», afin d’offrir des lieux sûrs aux femmes qui souhaitent effectuer un appel ou des démarches pour obtenir de l’aide.
Finalement à l’automne, des formations sur l’intervention en contexte de violence conjugale seront offertes aux intervenants de divers organismes de Montréal-Nord ainsi qu’à certains travailleurs du milieu de la santé.