Montréal-Nord

L’art urbain, un besoin essentiel pour Montréal-Nord

Carey Price - Axe Lalime 2020

Carey Price - Axe Lalime 2020

En termes d’art urbain, Montréal-Nord n’est pas une galerie à ciel ouvert comme Le Plateau-Mont-Royal. Mais pour les personnes qui s’en donnent la peine, il est possible d’admirer plusieurs fresques qui ajoutent une touche de couleur au gris de la ville. Pour l’artiste Sergio Gutiérrez, il est impératif de miser sur les murales conçues par et pour la communauté.

«L’art urbain est une grande piste de solution pour faire changer l’image de Montréal-Nord», martèle sans hésiter Sergio Gutiérrez. Ce dernier, qui a créé la murale Madré (12165, boulevard Rolland) avec son ami Julian Palma, est convaincu que la beauté des œuvres artistiques publiques vient redonner un peu de couleur et d’espoir dans un secteur en ayant bien besoin.

Sergio Gutiérrez et Julian Palma en plein réalisation de la murale Madre

Fondateur du collectif Artistes en arts visuels du nord de Montréal (AAVNM), M. Gutiérrez milite pour faire entendre la voix de son collectif, mais aussi celles de tous les artistes œuvrant à ses côtés.

Les projets ne manquent pas. Madré, que l’on peut observer au coin du boulevard Rolland et de la rue Pascal, illustre avec justesse tout l’enjeu et l’intérêt de l’art urbain dans ce secteur souvent vu comme mal fréquenté.

Cette grande murale a été réfléchie et conçue avec les habitants du quartier et les résidents du bâtiment.

Sergio Gutierrez et Julian Palma – Madre

Madré rend hommage aux mères célibataires habitant l’immeuble avec lesquelles les deux artistes ont discuté longuement avant d’esquisser les premières lignes de leur projet. L’œuvre colorée fait référence aux multiples cultures y cohabitant.

«La marque de fabrique du collectif est de demander aux citoyens et de les faire participer à la création d’une œuvre», se félicite M Gutiérrez.

Œuvres collaboratives

Le collectif AAVNM étale également ses créations murales sur les édifices scolaires, à l’image de l’immense fresque intitulée Le Jardin. Créée par l’artiste militant chilien Alejandro «Mono» Gonzales, l’œuvre orne l’un des murs de l’école secondaire Lester-B.-Pearson (11575, avenue P.-M.-Favier).

La fresque représente une sorte de jungle florale dont les traits gras permettent de délimiter les formes et mettre en valeur les couleurs vives.

Autre exemple d’œuvre collaborative : Vivre ensemble, réalisée par Sophie Wilkins avec la collaboration d’Anik Favreau.

Cette fresque a aussi été conçue grâce à une consultation menée auprès des élèves de l’école Sainte-Gertrude (11813, boulevard Sainte-Gertrude) pendant la pandémie et en plein confinement.

L’œuvre murale est peinte sur un mur donnant sur la cour de l’école. Elle représente des animaux provenant de divers continents, symbolisant le monde et la communication.

Vivre Ensemble – Sophie Wilkins (2020)

Heureusement, le collectif AAVNM n’est pas le seul à s’investir au sein de Montréal-Nord. D’autres collectifs comme Artgang viennent aussi y colorer les façades. «C’est une aide précieuse », souligne M Gutiérrez.

En témoigne Les ruelles du nord, œuvre datant de 2019, signée par Alex Snipes et réalisée au 10155 boulevard Saint-Michel. D’un style plus fragmenté et épars, son style rappelle celui de la bande dessinée.

Puis, au détour de quelques ruelles et d’un grand boulevard, les curieux découvriront une fresque hommage à Carey Price, cerbère des Canadiens de Montréal. L’œuvre du peintre Axe Lalime est située au 5412, rue de Charleroi.

L’implantation de l’art urbain à Montréal-Nord peine à décoller malgré l’acharnement d’artistes comme Sergio Gutiérrez. Ce dernier lance un appel aux collectifs de Montréal pour venir soutenir les initiatives d’art urbain dans le quartier.

Une table ronde de développement culturel en collaboration avec l’Université du Québec à Montréal (UQAM) est en discussion et d’autres organismes communautaires ont fait savoir leur soutien.

Montréal-Nord peut donc entrevoir de beaux jours pour le développement de l’art urbain, espère M. Gutiérrez. De quoi égayer un peu plus les esprits et de changer cette image qui lui colle tant à la peau.

Le Jardin de Mono Gonzales

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