La mort tragique de Jayson Colin a créé une onde de choc dans Montréal-Nord. Le jeune homme de 26 ans a grandi aux HLM Place Normandie et voulait faire une différence dans sa communauté. Or, tout indique qu’il a été au mauvais endroit au mauvais moment. Criblé de balles lors d’une fusillade mercredi soir, il a succombé à ses blessures cette nuit.
«C’est incompréhensible», a réagi Sacha-Wilky Merazil, qui a rencontré Jayson enfant, au camp de jour de l’école Jules-Verne. Par la suite, il a partagé de nombreuses discussions avec lui lors d’activités à la Maison culturelle et communautaire et au local «CH» Chartrand des HLM Place Normandie. La mère de Jayson, Ronide Casséus, animait ce local bien connu des jeunes qui ont grandi à Montréal-Nord.
«Il essayait de me faire aimer le hockey et moi, la politique», se souvient Sacha-Wilky Merazil. En 2013, il a travaillé avec Jayson Colin pour l’organisme Tandem, sécurité et paix, entre autres pour effacer les graffitis.
Jayson, c’était celui qui faisait toujours des blagues, qui avait des histoires. Sa bonne humeur était contagieuse. Il était toujours positif. Quand il pleuvait, il nous disait: ça va nous aider à enlever les graffitis.
Sahca-Wilky Merazil
Une histoire de succès
En 2019, Jayson a participé à une formation de 45 semaines avec la Corporation de développement économique communautaire (CDEC) pour rendre sa passion du hockey plus accessible. Il est l’un de ceux qui ont mené à bien leur projet.
«Pour nous, ce qui est arrivé, c’est invivable», laisse tomber Sémou Diouf, conseiller en développement économique et coordonnateur de projets à la CDEC. Pour lui, Jayson était un «exemple», une histoire de succès pour les jeunes du quartier.
«Il aimait tellement le hockey, mais c’est un sport qui coûte cher. Il voulait éviter aux jeunes les difficultés qu’il avait eues», explique-t-il.
C’était un jeune sans histoire qui avait un rêve et ce rêve, on vient de le briser de la manière la plus atroce possible. Cela démontre la nécessité de prendre la problématique de la violence à bras le corps.
Sémou Diouf, conseiller en développement économique et coordonnateur de projets à la CDEC
Un deuil difficile
«C’est toute la communauté qui est sous le choc», souligne la mairesse de Montréal-Nord, Christine Black, qui tient à offrir ses plus sincères condoléances à la famille et aux proches.
Ce sera un deuil très difficile à faire pour notre quartier. Jayson était connu. […] Il participait aux activités, on le voyait dans les parcs. […] De mourir comme ça, criblé de balles, dans le quartier où tu as grandi, c’est une mort atroce, c’est épouvantable.
Christine Black, mairesse de Montréal-Nord
Cette mort tragique vient une nouvelle fois susciter de l’insécurité dans Montréal-Nord, selon la mairesse Black. «J’ai des jeunes qui m’écrivent et qui le connaissaient bien. Ils ont peur, ils se demandent qu’est-ce qui se passe.»