Selon des données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, en 2012, il y a eu 179 nouvelles constructions. En 2011, c’était 105. En 2010, le chiffre ne s’élevait qu’à 27.
« Ces chiffres ne comptent pas les transformations, comme l’ajout de logements au-dessus d’un commerce. En incluant celles-ci, on arrive à un total de 500 mises en chantier en 2011 et 388 en 2012 », indique Hugues Chantal, directeur de l’aménagement urbain, des services aux entreprises et des relations avec les citoyens à Montréal-Nord.
Ces projets immobiliers étaient principalement des condos. En 2012, 171 des 179 constructions neuves étaient des copropriétés. En 2011, c’était 93 sur 105.
« À Montréal-Nord, nous avons un grand parc locatif ; 73 % de notre population est locataire. Les personnes voulant devenir propriétaires quittaient souvent l’arrondissement. Le condo est un moyen pour eux d’accéder à la propriété. Ceux qui veulent rester ici peuvent désormais le faire », explique M. Chantal.
Il ajoute que l’arrondissement est en mode rattrapage.
« Notre bassin immobilier n’était pas équilibré. D’ailleurs, depuis 2007, nous avons ajouté plus de 400 logements sociaux sur notre territoire. »
Afin de proposer une offre d’habitations diversifiée, l’arrondissement met l’accent sur le développement urbain.
« Notre défi est de donner le goût aux citoyens de venir s’installer à Montréal-Nord. En tant qu’administration locale, nous essayons de créer des conditions de qualité afin d’attirer la population, mais aussi les entrepreneurs. C’est pourquoi nous changeons le paysage avec le carrefour Pie-IX, les parcs, etc. », mentionne le directeur.
Baisse immobilière
En 2013, Montréal-Nord a vécu une baisse de mises en chantier résidentielles. Seulement 48 nouvelles constructions ont vu le jour pendant cette période.
« Nous avons pris le pari d’intéresser les gens à Montréal-Nord. Au cours des années précédentes, il y a eu la naissance de nombreux projets, tels que le MN, l’Alinéa et le Mont-Joli. Nous évaluons en ce moment s’il y a preneurs, avant de commencer la construction de nouveaux immeubles, d’où la diminution dans le développement immobilier », laisse-t-il savoir.
Malgré la baisse, M. Chantal avance qu’il y a déjà des projets sur la table, notamment des ressources intermédiaires, des copropriétés et du logement social.
« Ce sont des projets en gestation qui seront encourageants pour tout le monde. Nous avons l’espace et l’expertise à Montréal-Nord pour le développement », soutient-il.
Les condos : pas pour tous
Néanmoins, la multiplication des condos sur le territoire nord-montréalais ne serait pas ce dont la population a vraiment besoin, estime le comité logement de Montréal-Nord (CLMN).
« 43 % des Nord-Montréalais paient plus de 30 % de leur revenu pour se loger. Nous avons 1344 personnes sur une liste d’attente pour des habitations à loyer modique. Les citoyens n’ont pas besoin de condos, mais bien de logements sociaux », affirme Marianne Bousquet, organisatrice communautaire du CLMN.
Selon l’organisme, les copropriétés ne trouveraient pas preneurs dans l’arrondissement. Ces unités deviennent alors des logements à louer, ce qui est loin d’aider les résidents du secteur.
« Plusieurs personnes viennent nous voir, car elles n’ont pas les moyens de se procurer un condo à Montréal-Nord. Alors, ils ne se vendent pas. Lorsqu’ils font leur entrée sur le marché locatif, le loyer est encore trop élevé pour certaines. En moyenne, un résident devra payer 1227 $ pour se loger dans une copropriété locative contre 716 $ pour un logement normal. De plus, n’étant pas sous la gouverne de la Régie du logement, les propriétaires qui louent leur condo peuvent augmenter le loyer comme bon leur semble, pendant cinq ans. Nous sommes contre les copropriétés, car ils ne permettent pas à tous de se loger », fait valoir Mme Bousquet.