L’arrondissement compte près de 745 frênes. Après une inspection faite en novembre 2013, l’administration a dénombré aucun arbre contaminé.
Un gouffre financier
Depuis trois ans, Montréal tente de limiter les dégâts, mais le budget consacré pour sauver les frênes commence à peser lourd.
Les investissements pour l’année 2014 se chiffre à 3 400 000 $.
De cette somme, 16 731 $ sont octroyés à Montréal-Nord pour s’occuper de ses frênes de rue. Il faut dire que le traitement d’un arbre moyen au biopesticide TreeAzin est de 200 $; un traitement préventif, qui est à renouveler tous les deux ans.
Besoin d’une lutte commune
Le problème est que la Ville ne peut intervenir que sur le domaine public.
Les propriétaires possédant des frênes doivent faire leurs propres démarches et payer pour les traitements.
Pour l’abattage, on peut débourser des centaines voire plusieurs milliers de dollars. Or, certains n’ont pas les moyens.
« Il est certain que c’est un coût, explique Robert Lavallée, chercheur à Ressources naturelles Canada. Mais chacun devrait faire un effort de lutte, car sinon les terrains privés vont ressembler à des pouponnières à insecte. »
M. Lavallée estime également que la population n’est pas assez informée. Un point sur lequel le rejoint Micheline Simard, montréalaise.
« J’ai un frêne de 30 ans sur mon terrain et je viens de recevoir une lettre de la Ville qui me demande de faire des démarches pour vérifier qu’il n’est pas touché. J’ai appelé le 311 pour obtenir des numéros, mais ils m’ont dit de trouver un spécialiste moi-même. Je veux vraiment préserver mon arbre, car il fait partie de ma vie, mais je ne sais pas vers qui me tourner », confie Mme Simard.
La Ville-centre ne prévoit pas mettre en place de mesures coercitives.
« Les autorités municipales peuvent recommander l’abattage d’un arbre situé sur des propriétés privées pour limiter la propagation de l’insecte, mais présentement, aucun règlement n’oblige un Montréalais à abattre un arbre sur sa propriété, à moins que celui-ci ne constitue un danger pour la sécurité de la population ».
Déjà trop tard?
Pour certains experts, le sort des frênes est déjà réglé.
« Je pense qu’à Montréal, ils vont tous y passer, affirme M. Lavallée. On ne sait pas combien de temps va durer cette vague de l’agrile. On sera peut-être capable d’implanter une maladie qui tuera l’agrile, mais il y a beaucoup de paramètres incontrôlables. C’est un malheur pour les Montréalais de voir mourir tous ces arbres. »
En milieu urbain, les frênes servent d’écran contre le vent, atténuent les fluctuations de température et réduisent la pollution.