Le concours «La passion d’entreprendre», le Défi de l’entrepreneuriat jeunesse, l’école entrepreneuriale d’été et plusieurs autres succès du Carrefour jeunesse-emploi Bourassa-Sauvé vont disparaître. L’organisme devra complètement abandonner son volet d’aide aux jeunes entrepreneurs, dès le 31 mars.
L’organisme abandonnera ainsi une vingtaine de jeunes gens d’affaires dont le projet est en cours, alors que les services du centre local de développement (CLD) sont également suspendus en raison d’une restructuration.
Cette nouvelle est tombée lors d’une rencontre avec Emploi-Québec, le 27 janvier. Le ministère avait alors donné moins de deux semaines aux CJE pour lui proposer un plan de restructuration.
La directrice du CJE dénonce cette vision, rappelant que les nouvelles entreprises contribuent à réduire le taux de chômage.
«Le CJE a participé à la création d’une centaine d’entreprises dans le quartier, dont 50% sont toujours viables. Ce sont des résultats très intéressants parce que le Québec est la province la moins bien nantie en termes de création d’emplois», affirme Bouchra Klaoua.
La directrice explique que plusieurs de ces projets n’auraient pas vu le jour sans l’aide de spécialistes de l’entrepreneuriat jeunesse.
«Beaucoup de jeunes viennent nous voir avec une simple idée en tête, raconte-t-elle. Nous les aidons à aller chercher le meilleur de leur projet et nous les accompagnons durant la création de leur entreprise.»
Financement
Malgré cette réforme, il n’était pas question pour le CJE d’abandonner sa spécialité si facilement. L’organisme a bien tenté d’organiser une collecte de fonds pour poursuivre ses activités entrepreneuriales.
Le faible succès de la Coupe des nations laisse toutefois Mme Klaoua perplexe. Elle estime que le programme ne pourra pas survivre sans l’aide du gouvernement.
Reconnaissant l’importance de l’entrepreneuriat dans sa circonscription, la députée Rita DeSantis s’est toutefois engagée «à faire le nécessaire pour trouver du financement» pour la poursuite du programme.
«Ce qui est important, c’est d’encourager l’entrepreneuriat parce que ça aide à aller sur le marché du travail. S’il n’y a pas d’employeurs, comment peut-on gagner sa vie?», questionne la députée libérale.
Cette dernière croit que la collecte des fonds devra dépasser les limites du quartier.
Malgré tout, elle refuse de voir la restructuration du CJE comme une mauvaise nouvelle.
«Pour Montréal-Nord, les nouvelles sont bonnes. Notre CJE est l’un de ceux dont le budget augmentera (7,7%) parce que sa clientèle en a vraiment besoin», soutient-elle.
Étudiants et travailleurs exclus
La réforme des CJE ne touche pas uniquement le volet entrepreneurial. Dorénavant, 60% de la clientèle de l’organisme devra être composée de prestataires d’aide sociale et d’assurance-emploi. L’organisme pourra ainsi continuer à aider les jeunes de 16 et 17 ans.
Cette volte-face du gouvernement réjouit la directrice du CJE, même si elle estime qu’une portion de sa clientèle actuelle sera tout de même laissée à elle-même.
«Nous ne pourrons plus accueillir d’étudiants à temps plein et ce sera plus difficile d’aider des travailleurs qui ont des conditions précaires, comme ceux qui ont accepté un emploi à n’importe quelles conditions pour pouvoir se nourrir.»
De son côté, la députée DeSantis souhaite que l’organisme se concentre sur sa mission principale, soit d’aider les jeunes chômeurs à trouver un emploi.
Faisant référence à un article récent du Guide (le cas d’une fugueuse enceinte aidée par le CJE), Mme DeSantis a soutenu que d’autres organismes du quartier sont habiletés à aider les jeunes sur d’autres aspects de leur vie.