Marie-Claude Labrecque, une Nord-Montréalaise de 47 ans, est atteinte de paralysie cérébrale depuis sa naissance. Si elle n’est pas en mesure de parler ou de marcher en raison de son handicap, elle est tout à fait capable d’écrire, comme en témoigne son autobiographie de 700 pages, publiée récemment.
Avec son ouvrage intitulé «Née sous une bonne étoile, l’ai-je toujours suivie?» Marie-Claude Labrecque souhaite mettre les choses au clair une fois pour toutes.
«En dépit de ma condition physique, j’ai les mêmes ambitions, les mêmes émotions et le même désir de réussir ma vie que les gens dits « normaux »», écrit-elle, à l’endos de son livre.
«Moi aussi, j’en ai fait, des bons et des mauvais coups. J’ai eu des moments lumineux et des moments plus sombres. J’ai expérimenté le sexe, l’amour, la drogue et j’ai sombré dans la noirceur totale, même jusqu’à faire une tentative de suicide», ajoute-t-elle, dans sa présentation.
Communication
Puisque Mme Labrecque ne parle pas, elle doit utiliser une licorne et un tableau de mots pour se faire comprendre. La licorne est un bandeau rigide muni d’une tige de métal. En bougeant sa tête, elle pointe, avec cette tige, les syllabes et les mots inscrits sur le tableau.
C’est d’ailleurs en appuyant sur les touches de son clavier d’ordinateur avec cette licorne que Mme Labrecque a pu écrire son autobiographie.
Avec son conjoint des 21 dernières années, Pierre-André Echenard, c’est un peu plus simple. Mme Labrecque bouge la tête de manière à former les lettres des mots et M. Echenard comprend assez rapidement ce qu’elle tente de lui communiquer.
Un merci à sa famille
L’un des buts de Mme Labrecque, en se lançant dans l’écriture de ce bouquin, était de le faire lire à ses proches et particulièrement à sa mère.
«À l’aube de mes 36 ans, j’avais simplement des choses à dire et je désirais l’exprimer sur papier. Premièrement, pour témoigner publiquement ma gratitude à mes parents (…) Deuxièmement, pour rendre hommage à mes grands-parents maternels qui étaient mes complices de jeunesse», affirme-t-elle.
Parlant de famille, le rêve de Mme Labrecque d’avoir un enfant est difficilement réalisable, en raison de son état.
«Physiquement, c’est possible. Mais après, s’occuper de l’enfant, ça devient impossible», dit-elle.
La sérénité
L’écrivaine réfute complètement l’argument selon lequel un handicap de naissance est plus «facile à accepter» qu’un handicap créé par un accident ou une maladie. «Tout cela est de la foutaise pour moi», écrit-elle.
Mais, elle a dû apprendre à vivre avec et à surmonter les obstacles qui se sont dressés devant elle. Après deux tentatives de suicide, Mme Labrecque a su se relever. Aujourd’hui, elle a trouvé une sérénité, notamment en se tournant vers la spiritualité, un aspect qu’elle aborde vers la fin de son livre.
Salon du livre
Après 10 ans de travail, Mme Labrecque a finalement terminé d’écrire sa biographie, en mars 2013.
En novembre dernier, elle a fait imprimer 100 exemplaires de son manuscrit et était présente au Salon du livre de Montréal.
Elle a vendu son centième livre à la fin du mois de février, quelques jours après son lancement officiel.
L’auteure a dû en faire imprimer 50 autres en vue du Salon du livre de Trois-Rivières, qui s’est tenu le 28 mars, et celui de Québec, le 9 avril prochain.
Mme Labrecque se dit très satisfaite de la réponse du public, jusqu’à maintenant.
«J’ai l’impression qu’ils [les gens] me perçoivent différemment. C’est-à-dire comme Marie-Claude et non Marie-Claude handicapée. Ils me parlent un peu plus et je ressens un certain respect à mon égard.»
Elle considère que si la mentalité des gens peut changer un peu, grâce au livre, sa mission sera alors accomplie.